Avis (preview) – Hollywood Animal, l’envers du décor

Salut les cinéphiles et bienvenues dans cet avis (preview) sur Hollywood Animal.

Hollywood Animal est un jeu de gestion narratif développé par Weappy Wholesome, disponible en accès anticipé depuis le 10 avril 2025. Il propose d’incarner un producteur dans le Hollywood des années 30, une époque aussi glamour que corrompue.

Loin des paillettes, le jeu aborde sans détours des thèmes lourds comme le racisme, la pauvreté ou les magouilles en coulisses.

Après quelques heures de jeu et deux banqueroutes, une chose est claire : Hollywood Animal ne fait aucun cadeau, mais il donne sacrément envie d’y retourner.

Hollywood sans maquillage

J’avais déjà abordé mon amour pour The Movies dans mon avis sur Blockbuster Inc., un titre qui se voulait être un successeur spirituel. Dans Hollywood Animal, on dirige également un studio de cinéma, mais le vernis hollywoodien a complètement sauté. Ici, pas de paillettes ni de clinquant, le côté édulcoré laisse place à une réalité bien plus froide.

En effet, le titre propose un univers sombre : alcoolisme, racisme, corruption, chantage sexuel… Rien n’est épargné. Le jeu aborde tous ces sujets lourds de front, sans filtre, et parfois sans prévenir. Le tout dans un cadre pourtant chic, classe, presque élégant — ce qui crée un décalage aussi dérangeant que réussi.

Le jeu dépeint froidement l’envers du décor.

Le jeu se déroule au tout début des années 30, et suit l’évolution historique : Grande Dépression, prohibition, Seconde Guerre mondiale… Tout y passe. Ce qui peut dérouter au départ, c’est l’absence de mode bac à sable : j’ai lancé deux parties (et vécu deux banqueroutes), et le déroulé était strictement identique (du moins dans l’histoire générale, pas concernant mon studio).

Ce qui ressort en tout cas, c’est la vraie maîtrise du sujet par les développeurs. On est en plein dans l’âge d’or d’Hollywood, avec ses rêves de gloire et de succès. Mais le jeu ne s’arrête pas à la façade : il dépeint aussi froidement l’envers du décor, et ça fait mal.

Entre éthique et succès

Une chose qui m’a tout de suite frappé en démarrant Hollywood Animal, c’est que la partie gestion de son studio — dans le sens aménagement et décoration — est réduite au strict minimum. Un point très positif pour moi, qui ne suis pas vraiment fan de devoir passer mon temps à décorer la moindre petite allée.

Idem concernant la création des films. Quand The Movies ou Blockbuster Inc. proposaient des outils relativement intéressants pour créer nos propres courts-métrages virtuels, le titre ici va à l’essentiel. On choisit un genre, un thème, des décors, quelques éléments de scénario, les protagonistes… Et honnêtement, je trouve ça déjà bien assez, et même parfaitement équilibré.

Ce qui occupe la majeure partie du temps, au final, c’est la gestion de nos finances, de nos plannings, et surtout les différents choix moraux qu’on va être amené à faire. Exemple ? Demandez à votre actrice fétiche de coucher avec le maire pour gagner ses faveurs et entrer dans les bonnes grâces de la municipalité : c’est possible. Elle refuse ? Menacez-la de révéler son addiction à la cocaïne.

Je l’avais dit : Hollywood Animal n’est pas là pour plaisanter. Autre exemple, histoire de bien comprendre dans quoi vous mettez les pieds : votre meilleur compositeur vous demande d’arrêter d’embaucher des Afro-Américains car (je cite) « il ne veut pas travailler avec ces gens-là. » Évidemment, il a pris la porte directement.

Malgré la difficulté, j’ai envie de relancer une autre partie, et ça c’est bon signe.

Mais attention : tout ne se résume pas aux magouilles et dilemmes moraux. Le jeu n’est clairement pas une promenade de santé, même pour simplement réussir un film. Chaque choix non réfléchi peut vous mener à la banqueroute. En six heures de jeu, j’ai fait faillite deux fois.

Première banqueroute : j’avais oublié d’investir dans le marketing. Il faut attribuer des points de développement à chacun de vos départements — et devinez qui avait laissé la pub à zéro ? Résultat : personne ne savait que mes films sortaient.

Seconde banqueroute : j’ai voulu sortir un film très ambitieux avec un budget colossal. Un peu trop. Je me suis retrouvé sans fonds pour finir le tournage, lancer la promotion, imprimer les copies… Même après un emprunt, la sentence est tombée : faillite.

Et malgré cette difficulté, malgré tous ces coups durs… j’ai envie de relancer une autre partie. Et ça, c’est bon signe.

Du style, des dorures et du vice

Pour cet accès anticipé, le jeu propose déjà un contenu franchement solide. Vous pouvez aller jusqu’aux années 50, ce qui représente déjà un vrai défi à relever. Depuis sa sortie, il y a un peu plus d’un mois, le titre reçoit régulièrement des mises à jour, et il est actuellement disponible dans sa version 0.8.28.

Je n’ai rencontré aucun bug pendant mes parties. Le jeu affiche une esthétique très épurée et soignée. On est sur un combo blanc, noir, avec quelques dorures qui donnent une vraie élégance à l’ensemble — parfaitement dans le ton de l’image que veut renvoyer Hollywood. Ce qui rend d’ailleurs le contraste encore plus marquant avec les situations crades que vous allez rencontrer.

Le jeu affiche une esthétique très épurée et soignée.

Du côté de l’ambiance sonore, c’est toujours un point particulier dans un jeu de gestion. J’ai tendance à penser que les meilleures musiques dans ce genre de jeu, ce sont celles qui savent se faire oublier. Et ici, c’est exactement ça : quelques notes jazzy, discrètes, qui posent l’ambiance sans jamais l’écraser. Ça fait le job, sans en faire trop.

Fiche d’identité du jeu

Mon avis : TRès Prometteur

Hollywood Animal est un jeu de gestion de studio de cinéma pas comme les autres. À la fois froid, exigeant et parfois dérangeant, mais sacrément prenant. Il nous met face à des choix rudes, qu’on n’a pas l’habitude de croiser, le tout dans un écrin élégant et classieux. Une vraie vision singulière du rêve hollywoodien, où la corruption et les vices prennent bien plus de place que les paillettes des stars de cinéma. Vivement la version finale.