Ma collection jeux vidéo : Pourquoi je suis passé au tout numérique

Vous savez, quand j’ai commencé l’aventure de mon « petit » blog en octobre 2017, j’étais un collectionneur acharné. Ma collection jeux vidéo était ma fierté absolue : je ne ratais pas une seule brocante autour de ma ville et j’arpentais les magasins « Cash » à peu près tous les samedis. Le résultat ? Un amas massif d’un peu plus de 1 200 jeux en physique et une quarantaine de consoles.

Et pourtant, il y a maintenant deux ans, tout a basculé.

J’ai mis à niveau mon PC, et je suis revenu dans cet univers de la « Master Race ». Petit à petit, j’ai reconstruit une bibliothèque monstre, mais sur Steam (on ne se refait pas), dépassant les 1 300 jeux actuellement. C’est ironique, car j’ai pourtant renié et « démonté » le dématérialisé durant de nombreuses années. Mais alors, qu’est-ce qui a changé ? Est-ce que l’amour du format physique va forcément à l’encontre du numérique ? Au fond, l’essentiel n’est-il pas simplement l’amour du jeu vidéo ? Bienvenue dans cet édito.

L’amour de la jaquette

Qu’est-ce qui pousse quelqu’un à collectionner ? Il y a plusieurs facteurs je pense, mais je ne suis pas un expert et je ne vais donc parler que pour moi. Dans mon cas, il y a très certainement un « manque » à combler qui remonte à l’enfance.

Je ne veux pas écrire ce paragraphe pour faire pleurer dans les chaumières, mais on est sûrement nombreux à avoir connu la frustration d’avoir peu de jeux durant nos jeunes années. En général, j’avais un jeu à Noël, un pour mon anniversaire (qui est 5 jours avant Noël, la poisse !) et sinon je pouvais compter sur mon grand-frère qui parfois m’achetait des titres, et sur les copains, avec qui on se prêtait des jeux. Mais à côté de combien de titres suis-je passé ? Combien de fois ai-je pu seulement admirer la jaquette en magasin ?

La genèse de ma collection, je m’en souviens très bien. C’était un dimanche après-midi, en 2013 je dirais. Ma femme m’a demandé si je voulais faire un tour dans une brocante, et nous sommes tous les deux partis nous prélasser entre les allées. Et là, je suis tombé sur elle. Elle, c’était une Sega Game Gear, avec Streets of Rage II, Sonic, et plusieurs autres titres. Une machine que je n’avais jamais pu essayer en vrai, mais que je lorgnais pour sa puissance quand j’étais petit et possesseur seulement d’une Game Boy (bon, je dois avouer que mes parents auraient dû prendre des actions chez Duracell si j’avais eu la console de Sega).

Mais à côté de combien de titres suis-je passé ? Combien de fois ai-je pu seulement admirer la jaquette en magasin ?

Mais la rencontre avec cette machine, que je me suis empressé d’acheter, fut une révélation. J’ai eu ce sentiment d’accomplissement, d’enfin découvrir une machine qui m’était inaccessible durant l’enfance. Et cette sensation, j’ai voulu la reproduire, notamment sur les deux consoles principales de l’époque : la PS1 et la PS2, deux machines où se concentre principalement ma collection.

On peut également citer la Xbox 360, sur laquelle j’ai plus de 250 titres, console que j’ai eue à mon adolescence, et toujours la même histoire : peu de jeux à l’époque. J’ai logiquement (ou pas) basculé sur la Xbox One, et durant toute cette génération, j’ai acheté énormément de titres juste « pour les avoir ». Certains sont encore dans ma bibliothèque, achetés depuis plus de 10 ans, et toujours avec leur blister d’origine.

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Le désenchantement du plastique

Mais alors, si je vous raconte tout ça, pourquoi me détourner des jeux en physique ? Pourquoi cela me fait-il moins vibrer qu’avant ? Eh bien, il y a plusieurs raisons à cela.

Tout d’abord, la nature même des objets. Avant, et je dirais que cela a commencé à se perdre à partir de la PlayStation 3, nous avions des éditions physiques avec un beau manuel bien épais, qui racontait l’histoire du jeu, présentait les personnages et expliquait les commandes. Aujourd’hui, on a en général des codes pour des objets in-game et, éventuellement, un avertissement sur l’épilepsie… D’un point de vue écologique, je peux totalement entendre l’argument de la disparition de tout cela, mais le charme en a pris un sacré coup.

Mais si encore ce n’était que ça, cela irait. Malheureusement, le pire est bien caché, directement sur les disques. Je le disais, j’ai fait la génération précédente de consoles sur Xbox One. Et je pense que le problème dont je vais vous parler est encore pire sur cette dernière que chez sa concurrente, la PlayStation 4. Sur Xbox One, souvent, pour ne pas dire TRÈS souvent, vos CD ne servent qu’à « vérifier » que vous possédez le titre. Le problème s’est encore plus amplifié sur la génération Xbox Series, d’ailleurs.

TRÈS souvent, vos CD ne servent qu’à « vérifier » que vous possédez le titre. Le problème s’est encore plus amplifié sur la génération Xbox Series, d’ailleurs.

Je m’explique : bien souvent, vous n’aurez que 300 Mo, 1 Go, allez, peut-être 5 Go réellement sur votre disque, et il faudra télécharger le restant sur les serveurs de Microsoft. Vous allez me dire qu’aujourd’hui, avec la fibre qui s’est répandue, ce n’est « pas si grave ». Et je suis plutôt d’accord. Mais là où la question se pose, c’est le jour où (et ça arrivera à plus ou moins long terme) Xbox décidera de fermer ses serveurs. Comment téléchargerez-vous le reste de votre jeu, nécessaire pour faire fonctionner un CD presque vide ? Vous voyez où je veux en venir ? Vos belles étagères, remplies de jeux en boîte comme les miennes, deviendront totalement obsolètes.

Et c’est après toutes ces réflexions, mais aussi d’autres dont je parlerai dans le prochain paragraphe, que j’ai décidé de revenir à une autre époque de ma vie…

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Disclaimer : il ne s’agit pas de ma collection

La révélation PC

Quand je parle d’une autre époque de ma vie, je parle surtout de la génération PlayStation 3, et donc de mes années collège. La PS3 était bien trop chère à sa sortie et, n’ayant pas encore goûté aux joies de la Xbox 360, je me suis naturellement tourné vers le jeu sur PC.

À ce moment-là, je jouais sur l’ordinateur familial qui trônait dans le salon. Une machine absolument pas faite pour le gaming, mais qui pouvait quand même faire tourner pas mal de choses en mettant les mains dans le cambouis des réglages. J’ai toujours aimé ça : bidouiller, installer des composants, optimiser. Alors, quand j’en ai eu un peu « marre » de la génération Xbox Series, en 2023 très exactement, je me suis dit : « Et pourquoi je ne reviendrais pas à fond dans l’univers du PC ? ».

C’est évidemment ce que j’ai fait. J’ai upgradé « légèrement » ma configuration de 2019, j’ai changé d’écran pour un magnifique Samsung Odyssey G8 OLED, et je suis reparti retrouver les joies de Steam et de tonton Gaben. Alors oui, le PC n’est pas aussi « plug-and-play » que peut l’être la console, même si je vous parlerai prochainement de Bazzite dans un futur article, mais j’ai retrouvé d’autres sensations que j’aimais particulièrement.

. C’est un vrai plaisir pour moi d’optimiser chacun de mes périphériques et de mes composants pour profiter des meilleures versions des jeux.

La bidouille, justement. C’est un vrai plaisir pour moi d’optimiser chacun de mes périphériques et de mes composants pour profiter des meilleures versions des jeux. Enfin, quand ils sortent bien optimisés, ce qui n’est pas toujours le cas… Mais pouvoir tout pousser au maximum, profiter d’une fluidité exemplaire, jouer à la souris ou à la manette avec la possibilité de modder ses titres préférés : j’avais retrouvé l’univers que j’aimais tant. Depuis, je ne rallume ma PlayStation 5 que pour les exclusivités, et j’ai carrément rangé ma Xbox Series X dans son carton.

Mais en termes de consommation vidéoludique, qu’est-ce que cela donne ? Est-ce que j’achète moins de jeux ? Est-ce que je joue plus ? Car vous êtes forcément au courant : désormais, pour jouer sur PC, il n’y a plus d’alternative. Le dématérialisé a définitivement gagné la bataille.

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Oui, je troll un peu.

Boulimie 2.0

…Et je dois dire que cela ne m’a pas vraiment posé de problème. On pourrait croire que ce retour sur PC, il y a deux ans, aurait soigné ma fièvre acheteuse. Qu’en délaissant le plastique, je serais devenu un joueur plus raisonnable, consommant uniquement ce qu’il peut terminer. Spoiler : pas du tout. Steam n’a fait que transposer ma collectionnite aiguë, mais avec une arme de destruction massive bien plus redoutable : les soldes saisonnières.

C’est là que réside le véritable paradoxe. Sur PC, j’ai retrouvé le plaisir de jouer (grâce à une organisation dont je vous reparlerai peut-être dans un futur article sur le « Backlog »), mais j’ai surtout retrouvé ma boulimie. Sauf que cette fois, elle est 100 % numérique.

Quand je vois une notification de promo avec un titre qui passe à -75 %, mon cerveau ne se demande pas : « Est-ce que tu as le temps d’y jouer ce soir ? ». Non, il se dit : « Il faut le sécuriser ».

C’est exactement ça : je sécurise. J’achète pour que le jeu soit là, dans ma bibliothèque, disponible pour cet hypothétique « un jour » où j’aurai enfin le temps de le lancer. Avant, j’accumulais les boîtes sous blister pour remplir mes étagères. Aujourd’hui, j’accumule les lignes dans ma bibliothèque Steam pour faire grossir le compteur de jeux.

Elle est passée de la poussière aux pixels, mais l’envie de posséder, elle, est restée totalement intacte.

Et vous savez quoi ? J’en suis tout aussi heureux. Il y a une satisfaction visuelle, presque hypnotique, à faire défiler cette grille de jaquettes numériques sur mon écran OLED. C’est propre, c’est rangé, et c’est immense. Ma collection n’a pas disparu, elle a juste changé d’état. Elle est passée de la poussière aux pixels, mais l’envie de posséder, elle, est restée totalement intacte.

Je pourrais même ajouter que depuis quelques jours, je suis l’heureux possesseur d’un Steam Deck OLED. Une machine qui me permet de profiter de ma bibliothèque Steam absolument partout. C’est devenu, en quelque sorte, une extension physique de mon patrimoine vidéoludique.

Pour autant, si vous suivez mon raisonnement depuis le début, il y a un paradoxe qui doit vous sauter aux yeux. Je disais un peu plus haut que le fait d’avoir des jeux incomplets sur les disques me posait problème. Mais on pourrait aussi se dire que si Steam ferme ses portes demain (ce qui n’est pas près d’arriver), ce sont tous mes jeux qui s’envolent avec elle ? C’est ce que nous allons aborder dans le paragraphe suivant.

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Propriété et Préservation : Le combat du numérique

Il n’existe pas de système parfait, mais le PC offre une résilience que les consoles n’ont pas. Sur Steam, même lorsqu’un jeu est retiré de la vente (coucou Rollerdrome), il reste accessible dans votre bibliothèque. On peut toujours le télécharger et y jouer.

Mais au-delà des boutiques officielles, il existe un véritable travail de fond pour la survie de notre média. Des sites comme Abandonware France abattent un boulot de préservation incroyable pour que les titres de notre enfance ne tombent pas dans l’oubli. L’émulation sur PC, elle aussi, fait des merveilles et permet de protéger ce patrimoine vidéoludique que les constructeurs délaissent trop souvent.

Mais les joueurs sont de plus en plus sensibles à ces sujets qui me tiennent à cœur.

Je vais même aller plus loin en parlant d’un sujet tabou : le piratage. Je suis évidemment contre lorsqu’il s’agit de jeux récents et actuels. Mais quand un titre est retiré subitement des stores ou de la vente, je suis bien content de savoir qu’il existe des biais pour le retrouver. Sans cela, certains jeux disparaîtraient à tout jamais. Heureusement, des alternatives saines existent, comme GOG, qui permet d’acheter des jeux sans DRM. Là, vous êtes réellement propriétaire : vous installez le jeu comme bon vous semble et vous en profitez sans restriction, même hors-ligne.

Il restera toujours l’énigme des serveurs et des jeux « 100 % connectés », qui seront bien plus difficiles à sauver. Mais les joueurs sont de plus en plus sensibles à ces sujets qui me tiennent à cœur. Finalement, quand on y pense, nos CD et nos cartouches sur nos étagères ont eux aussi une durée de vie limitée. Le numérique, s’il est bien géré, ne serait-il pas le meilleur moyen de sauver notre patrimoine ? Je commence sérieusement à le penser.

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Conclusion

Tout ce que je viens de vous raconter ne représente que mon avis. Je n’ai pas la vérité absolue et je suis d’ailleurs très curieux d’avoir vos retours en commentaires. Ce qui est sûr, c’est que mon point de vue a radicalement changé. J’aime toujours autant le physique, mais le physique « d’aujourd’hui » n’est plus celui qui me faisait rêver. Je n’ai d’ailleurs pas abordé l’explosion démesurée et ridicule des prix sur le rétrogaming, cela mériterait un article entier.

Au-delà de la possession d’une boîte et d’une jaquette, qui rappelleront toujours des souvenirs précieux, j’ai réalisé une chose : ce sont les moments passés manette en main qui comptent. Ce sont ces aventures incroyables que l’on vit qui restent gravées, peu importe le support. Le jeu vidéo est un voyage, et peu importe que le billet soit en papier ou sur un smartphone, tant que l’on arrive à destination.

Noopinho
Noopinho

Explorateur du paysage vidéoludique et grand dévoreur de RPG (quand j'ai le temps).

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