L’avis de Noopinho : System Shock (2023), une refonte à la hauteur de la légende ?

Aujourd’hui je vais vous parler de System Shock. Pas le jeu mythique de 1994, mais bien son remake qui est sorti le 30 mai 2023 en exclusivité sur PC.

Il ne sera pas facile pour moi de découvrir un des monuments du jeu vidéo avec cette nouvelle version, surtout que je ne connais pas du tout le jeu original.

Je vais quand même essayer de répondre à la question de savoir si cette refonte est à la hauteur de toutes les louanges que j’ai pu entendre sur le titre ?

Shodan

Avant de parler de gameplay, essayons de savoir de quoi ça parle System Shock. On incarne un hacker, qui vient de se faire enlever chez lui, et qui va se retrouver contraint de libérer une intelligence artificielle qui répond au nom de Shodan.

Une fois cela fait, notre personnage va se réveiller à bord d’une station spatiale du nom de Citadel, et il va vite comprendre que l’IA qu’il a malgré lui libéré de ses chaînes, a pris le contrôle des lieux. Cette dernière a perpétré un véritable carnage, tuant de nombreuses personnages, transformant d’autres en cyborgs et j’en passe.

Vous l’aurez compris, notre but sera d’arrêter Shodan, qui bien plus que la station spatiale, aimerait réduire l’humanité tout entière au silence.

Shodan est vraiment un personnage à part entière de System Shock, bien plus intéressant et marquant que notre personnage qui se contente d’avancer sans dire mot. L’intelligence artificielle est à la fois froide, manipulatrice et terriblement flippante. Grâce à elle, un véritable sentiment de malaise s’installe, on a constamment l’impression qu’elle nous surveille, et qu’elle anticipe nos moindres faits et gestes.

Shodan est une antagoniste marquante, à la fois froide, manipulatrice et terriblement flippante.

Si vous êtes habitués au jeu de tir à la première personne avec une composante narrative, vous connaissez forcément les audiologs. Il s’agit de disquette, disque ou autres hologrammes qu’on récupère, et qui se lance pendant qu’on continue à bouger, nous raconter un morceau de l’histoire du jeu, souvent pour raconter l’histoire d’un personnage, ou bien d’un lieu. Si j’en parle, c’est que c’est System Shock qui a inventé le concept, repris ensuite par des grands noms comme Bioshock. Dans ce remake ça fonctionne toujours aussi bien, les audiologs racontant parfaitement la terreur et les horreurs qu’a provoqué Shodan.

Pour venir à bout de l’aventure, le temps de jeu sera vraiment variable en fonction des personnes. L’éditeur indique une durée de vie comprise entre 6 et 25 heures en fonction de votre capacité à déjouer les plans de Shodan. Je pense qu’il faut compter en moyenne 15 heures pour en voir le bout.

L’art de se débrouiller

Vous l’aurez compris, j’ai été assez agréablement surpris du côté de l’histoire et de l’univers du jeu. En revanche, du côté du gameplay, il y a quelques déceptions que je vais vous expliquer.

On va tout de même commencer par une bonne idée. On peut régler la difficulté, comme dans de nombreux jeux vous allez me dire, mais là c’est un peu différent. On peut la régler en fonction de 4 curseurs différents, les combats, l’explorations, les puzzles et le côté cyber/hacking. Je trouve que c’est vraiment une bonne idée, et cela permet de rendre le titre un peu plus malléable. Rassurez-vous tout de même, il restera loin d’être une promenade de santé, surtout pour les combats, mais on y reviendra un peu plus loin.

Malgré cette apparente première bonne impression d’accessibilité, le jeu n’est pas à mettre entre toutes les mains. Il est fidèle au matériel d’origine, pour le meilleur et pour le pire. On ressent clairement que la construction du jeu a presque 30 ans. Il faudra comprendre les mécaniques par nous même à peu près tout le temps, sauf pour les plus simples. Par exemple il m’a fallu un petit moment pour comprendre comment fonctionne le système d’achat de munitions et de recyclage des objets.

Le tout n’est pas expliqué, et surtout je trouve que l’ensemble du jeu manque un peu de travail en termes d’ergonomie. Les menus sont un peu fouillis, et pas très clair. Je suis totalement d’accord sur le fait de ne pas guider le joueur de bout en bout, mais là c’est peut-être un peu trop l’inverse, et cela risque d’être bien trop abrupte pour de nombreux joueurs aujourd’hui en 2023.

Ce remake est fidèle au matériel d’origine, pour le meilleur et pour le pire.

Outre cette aspect-là, on va parler de son plus grand point faible : les combats. Autant vous le dire tout de suite, il n’y a quasiment rien qui va sur ces derniers. Tout d’abord ils sont difficiles, bien trop et sans raison valable. Surtout qu’ils vous feront rager car ils manquent de feedback, que l’on tape à l’arme de mêlée ou qu’on touche avec une arme à distance, on n’a pas beaucoup de feeling dans l’impact, ce qui est assez perturbant. De plus cela manque clairement de précision, on a parfois l’impression de taper sur des pinata un peu au hasard.

Je vous conseille donc fortement de baisser la difficulté des affrontements au minimum, pour vous concentrer sur ses aspects les plus positifs : son histoire, son ambiance, et l’exploration de la Citadel.

Même si l’exploration n’est pas exempte de reproche non plus. Le jeu se veut volontairement labyrinthique, voir claustrophobique par moment, mais je trouve que c’est une bonne idée et ça fonctionne parfaitement. Mais une fois encore, parfois on va tomber sur un interrupteur, ou un mécanisme à activer, et titre ne va jamais indiquer clairement l’effet qu’il déclenche. Donc parfois on se retrouve à tourner en rond alors qu’on a déjà débloqué ce qu’il fallait, et qu’une porte c’était déverrouillé depuis plusieurs minutes : frustrant.

Enfin, on est un hackeur donc forcément on a le droit à quelques séances de piratage. Il y en a surtout deux différentes, une sur un tableau électrique où l’on doit dériver le courant de façon à alimenter correctement le tout, rien de révolutionnaire mais parfaitement exécuté. Et par ailleurs, des séquences dans « la matrice » où on « incarne » le programme informatique et où on doit notamment déloger Shodan, et déverrouiller divers éléments. Une fois de plus, classique mais efficace.

Cybergore

Comme je le disais en introduction, on est sur un remake intégral d’un jeu de 1994, donc forcément quasiment 30 ans plus tard, on s’attends à un certain gap. Et bien c’est le cas, c’est un studio assez modeste qui s’est occupé du développement, et pourtant le tout est très propre, on a même parfois un petit style pixel-art du plus bel effet.

Concernant la direction artistique, je la trouve inspirée, dans le totale style cyberpunk, mais avec un côté assez gore assumé. En revanche, le tout est un peu répétitif, au bout de plusieurs heures on a un peu l’impression de toujours voir les mêmes décors.

Le style cyberpunk avec son côté gore et claustrophobique fonctionne parfaitement !

J’ai également noté quelques bugs mineurs mais rien de gênant. Par exemple quand vous tuez des ennemis, quand vous revenez à l’endroit où ils sont morts, vous êtes parfois plus rapide que le chargement des cadavres, et ils vont donc littéralement apparaitre comme par magie. J’ai d’ailleurs frôlé la crise cardiaque quand ça m’est arrivé dans un ascenseur et où trois cadavres sont apparus devant mes yeux.

Enfin, un grand bravo à la partie sonore qui est une grande réussite. Que ce soient les doublages, la musique ou les bruitages je trouve que le boulot est fait, et surtout bien fait. Mention spéciale pour la voix de Shodan, qui participe grandement à son côté effrayant.

Vous l’aurez surement compris, cette version 2023 de System Shock souffle un peu le chaud et le froid. Je pense que mon avis serait sûrement un peu différent si j’avais un côté nostalgique en ayant fait le jeu à l’époque, mais ce n’est pas le cas. Je ne peux que reconnaître l’ambiance générale qui est maitrisé, mais aussi l’intelligence artificielle Shodan, qui est un personnage à part entière, vraiment marquante. Mais mes yeux de joueurs de 2023 ne peuvent pas s’empêcher de pester contre des combats vraiment loupés et un manque criant d’explications et de feedback dans les mécaniques. Si vous êtes un fan de la première heure, je ne peux que vous invitez à foncer, vous allez sûrement retrouver tous vos souvenirs d’antan, dans une version magnifiée. Si en revanche comme moi vous le découvrez, vous allez surement apprécier des choses, mais vous allez peut-être vite abandonner à causes de certains défauts que j’ai pu citer.