Avis Senua’s Saga Hellblade II PS5 : Avant toute chose, je remercie Xbox pour l’opportunité offerte d’avoir pu tester la version PS5 avant sa sortie officielle.
Senua’s Saga : Hellblade II est la suite de Hellblade : Senua’s Sacrifice sorti en août 2017. Ce second opus est d’abord sorti en mai 2024 sur PC et Xbox Series. Aujourd’hui, Ninja Theory propose une version PS5 ainsi qu’une update pour les joueurs Xbox Series X|S, Xbox PC et Steam.
Cette version améliorée inclut un mode performance, où une optimisation pour 60 FPS (au lieu de 30) offrira une qualité élevée. Le mode photo inclut un ensemble d’outils élargi et amélioré avec notamment un onglet « mouvement » pour des cinématiques personnalisées.
Le mode Sombre Pourriture (« Dark Rot ») offre un défi supplémentaire où Senua est limitée dans le nombre d’erreurs. À chaque impair, la pourriture noire grandira jusqu’à l’échec. Les progrès seront alors perdus et la quête devra être reprise depuis le début. Un sacré défi qui saura corser l’aventure.
Enfin, pour ceux qui s’intéressent à l’artisanat et aux décisions créatives, plus de quatre heures de commentaires des développeurs sont disponibles.
Avis Senua’s Saga Hellblade II PS5 : L’histoire de Senua
Spoiler Alert : Afin de contextualiser, le résumé ci-après contient des spoilers de Hellblade : Senua’s Sacrifice.
Au début de cet opus, les développeurs proposent une cinématique rappelant l’histoire de Senua et les épisodes marquants de la première œuvre.
En 875, Senua, guerrière picte, traverse le royaume de Hel pour ramener son défunt conjoint Dillion. Cette héroïne, sujette à une psychose, est tantôt guidée, tantôt perturbée par des voix que seule elle peut entendre. Ces voix, nommées « furies », guident Senua qui se voit revivre les traumatismes de son passé. Son voyage l’amène jusqu’à Helheim où elle fait face à la déesse nordique des enfers, Hela. Senua finit par accepter la mort de son conjoint et ses propres démons. Alors en phase avec elle-même, Senua est comme libérée de ses propres chaînes.
Senua n’est pas seulement en quête de vérité, elle se bat pour sa propre survie intérieure.
Ce voyage métaphorique, qui invite à l’acceptation des difficultés mentales plutôt que de les rejeter comme une malédiction, reprend dans le second opus, en pleine tempête sur l’océan. Dans ce nouveau schéma narratif, Senua veut venir en aide aux esclaves, terrorisés par des esprits malfaisants et des géants.
L’expérience narrative
N’étant pas adepte des jeux narratifs, le gameplay m’a déstabilisée. Avant même de parler de l’expérience visuelle et auditive du jeu, le rythme peut déplaire. Le jeu propose de l’exploration (quoique limitée), des résolutions de puzzles ainsi que des combats.
La fréquence des cinématiques est très soutenue, de même que l’exploration est souvent guidée par la narration. Le personnage court peu, et même si une fonction sprint est présente, l’évolution dans le jeu est conditionnée, ce qui le rend plus réaliste. Les transitions entre cinématiques et jeu sont impressionnantes car à peine visibles ; les mouvements de caméra sont précis et il n’y a aucune différence graphique. Je n’ai, jusqu’à présent, pas connu d’expérience similaire et j’en suis époustouflée.
Chaque pas de Senua est une plongée plus profonde dans son esprit tourmenté.
En clair, j’ai eu l’impression de regarder une série ou un long film dans lequel je prenais place. L’ambiance cinématographique est renforcée par le format d’image en 2,39:1 qui laisse des bandes noires en haut et en bas de l’écran, un point qui divisait déjà les joueurs. L’immersion proposée par les 80 personnes du studio Ninja Theory répond à leur engagement : créer de l’art qui change la vie avec une technologie révolutionnaire.
La jouabilité est en somme simple. Les combats (test effectué en mode dynamique) interviennent régulièrement, les ennemis venant un par un. Il est possible d’esquiver, parer et d’attaquer avec deux types de coups : rapide ou puissant. Les puzzles ne présentent pas non plus une grande difficulté et les mécaniques se ressemblent.
Quant à l’exploration, il y a deux sortes de collectables :
- les arbres de vie
- les totems de savoir
Chacun apporte du contenu et de la profondeur au scénario, en l’ancrant encore plus dans les mythes nordiques.
La simplicité n’est pas gage de manque de qualité, car ici l’expérience narrative est à couper le souffle. Certains passages font frémir, et les avertissements en début de jeu ne sont pas à prendre à la légère. La technologie MetaHuman d’Epic Games, liée à une performance capture de dernière génération, offre des détails saisissants. 69 jours ont été nécessaires pour la capture des combats, contre 2 jours pour le premier jeu. Le studio a su entendre les critiques concernant les combats et offre ici des regards vivants, des mouvements de cheveux et des expressions faciales d’un réalisme bluffant.
L’expérience visuelle et auditive
La qualité graphique du jeu n’est plus à prouver. Le premier opus offrait déjà un rendu photo-réaliste impressionnant. On peut souligner ici le travail du studio, qui s’est attaché à conserver des références réelles. L’équipe a d’abord capturé de vraies images, avant de les digitaliser par photogrammétrie, puis de les retravailler sous Unreal Engine 5. Je vous invite à visionner l’envers du décor sur la chaîne YouTube de Ninja Theory, notamment « Iceland – Development Diary » :
https://www.youtube.com/watch?v=pYZVKI-j0YM Je ne vais pas cacher ma satisfaction pour ce sens du détail. Tout est fait pour rendre l’expérience incroyable et nous plonger toujours un peu plus dans cet univers.
Enfin, et c’est selon moi le cœur de ce qui fait de la saga Senua une pépite parmi les pépites : le son. En tant que joueur, on accède à une dimension réaliste qui nous immerge dans la psychose de l’héroïne. Il est recommandé de jouer avec un casque pour profiter du son binaural 3D complet. Le travail des équipes est une fois encore incroyable, avec des sons spatialisés qui font tourner la tête. Les « furies » semblent littéralement dans notre tête. Le choix des voix, le rythme d’élocution, le ton, le volume, la superposition de dialogues, l’environnement sonore, les musiques : rien n’est laissé au hasard. C’est tout un orchestre parfaitement mené qui accompagne le joueur.
L’immersion sonore mettra tout le monde d’accord : c’est bluffant !
Et même si le gameplay ne convainc pas tout le monde, l’expérience auditive ne laissera personne de marbre ! Il est extrêmement difficile de retranscrire ce que cette expérience fait ressentir ; les sensibilités de chacun rendront les vécus différents, mais l’immersion sonore mettra tout le monde d’accord : c’est bluffant !
Petit point qui peut avoir son importance : l’audio n’est disponible qu’en anglais. Et bien que les sous-titres soient proposés en 26 langues, la nécessité de lire peut freiner l’immersion. Le sous-titrage est adapté à la spatialisation du son : lorsque les voix sont superposées, les textes apparaissent à gauche et à droite de l’écran. Cela demande une certaine aisance de lecture et peut réduire l’immersion pour ceux qui ne maîtrisent pas bien l’anglais.
Le message métaphorique
La saga Hellblade aborde un sujet de plus en plus présent dans nos sociétés : la santé mentale.
L’expérience psychotique de Senua amène le joueur à se mettre au cœur de la maladie :
- voir ce que d’autres ne peuvent pas voir,
- entendre l’inaudible,
- avoir des croyances uniques.
Le studio a travaillé avec le professeur Paul Fletcher de l’université de Cambridge, ainsi qu’avec des personnes ayant vécu une psychose. La chaîne YouTube propose une conférence et des témoignages que je recommande vivement.
L’aventure peut se lire comme la bataille intérieure que mènent ceux qui souffrent de troubles psychotiques.
Au-delà de la psychose, le parcours de Senua est une métaphore de l’acceptation de soi. La confrontation avec Hela dans le premier opus est une image de l’acceptation de la réalité, et l’acte de se soumettre conduit à la libération. Hela pourrait n’être qu’une projection de ses propres peurs. Cette symbolique se retrouve également à la fin de Senua’s Saga : Hellblade II, mais je n’en dirai pas plus pour ne rien spoiler. L’aventure peut donc se lire comme la bataille intérieure que mènent ceux qui souffrent de troubles psychotiques. C’est un message d’espoir : on peut trouver une paix intérieure grâce à la résilience et à l’acceptation.
Avis Senua’s Saga Hellblade II PS5: Fiche d’identité du jeu
| 🏢 Édité par | Xbox Games Studio | 👥 Public | +18 |
|---|---|---|---|
| 🛠️ Développé par | Ninja Theory | 🤝 Fourni par l’éditeur | Oui |
| 📅 Date de sortie | 12/08/2025 (sur PS5) | 💻 Testé sur | PS5 |
| 🎮 Plateformes | PC, PS5 et Xbox Series | ⏱️ Temps de jeu | 8h |
✅ POINTS POSITIFS | ❌ POINTS NÉGATIFS |
|---|---|
| Des graphismes renversants, un réalisme à couper le souffle | Dialogues en VO – sous-titrage VF dont la lecture peut empêcher de profiter pleinement du jeu |
| Scénario profond, rythmé | Jeu très dirigiste et gameplay simpliste |
| Une expérience immersive qui n’a nulle égale |
NOTE : 18/20
Le scénario intimiste et profond nous plonge dans un décor réaliste unique. Le gameplay simpliste est à accepter pour atteindre une expérience immersive hors du commun. C’est une aventure marquante et touchante, avec des personnages attachants, à condition de se laisser porter.
Ninja Theory réussit à offrir un jeu qui se démarque, qui divise, mais qui met tout le monde d’accord sur la performance graphique et auditive. Pour ma part, l’expérience est indescriptible. Ce n’est pas un jeu vers lequel je me serais tournée (étant adepte des gameplays complexes et des mondes ouverts), mais je suis séduite par cette aventure immersive. Aucun jeu ne m’avait jusqu’alors autant transportée dans la peau et la tête d’un personnage.
