L’avis du Vibromaster : Mundaun, ou la frayeur montagnarde
Dans le petit monde des jeux vidéo, l’horreur a toujours eu une place particulière. Entre les licences majeures comme Resident Evil ou Silent Hill et les jeux flash qui pullulent sur les sites dédiés, on trouve tout un monde de jeux assez modeste qui souvent gagnent au moins un succès d’estime.
Certaines fois, on pourra même tomber sur une petite pépite méconnue suffisamment originale pour marquer le joueur qui aura la curiosité de s’y attarder quelques heures.
Reste à savoir si notre jeu du jour, Mundaun, est l’un d’entre eux, verdict dans les prochaines lignes !
Mundaun, son clocher, ses morts…
Dernière création du jeune studio Hidden Fields, Mundaun nous propose d’incarner Curdin qui suite au décès de son grand-père et la réception d’une mystérieuse lettre du pasteur local, se rend donc dans la vallée de Mundaun dans les Alpes Suisse.
Dès notre arrivé, on sentira que quelque chose d’étrange se trame ici et il nous faudra mener l’enquête pour découvrir la vérité derrière les agissements étranges des rares habitants des lieux. Si l’histoire semble assez classique, elle reste suffisamment bien narrée et mystérieuse pour motiver le joueur à en voir le bout, d’autant plus qu’en fonction de vos choix ou de votre façon de jouer, vous aurez accès à cinq fins différentes. On regrettera seulement le fait d’avoir une indication équivalente à un panneau « choix important » avant ces derniers, qui sont finalement assez rare et trop peu nombreux.
Les zooms amplifient le ton anxiogène du jeu.
La mise en scène quant à elle, minimaliste, brille surtout par certains détails, notamment les zooms ! En effet quand vous regarderez des tableaux ou certains autres éléments du décor sans bouger, votre vision se resserrera progressivement sur l’élément en question et la bande-son vous dévoilera certains détails. Zoomer sur la photo d’un chantier et vous entendrez de subtils bruits d’outils, zoomer sur votre reflet dans le miroir et… voyez par vous-même ! Cette mécanique simple est pourtant rudement efficace puisque dans certains cas vous aurez du mal à déplacer la caméra pour cesser de fixer certaines « choses », ce qui aide vraiment au ton anxiogène du jeu.
Randonnée sans danger, combats sans saveur
Mais chaque chose en son temps, abordons rapidement le sujet du gameplay. Dans Mundaun, vous serez amené à marcher, beaucoup, a discuter, un peu, à conduire la vieille camionette de votre grand-père et même quelque fois à fuir ! Et oui, car comme dans tout bon jeu d’horreur qui se respecte, vous devrez faire face à des ennemis qui vous poursuivrons et vous attaquerons à vue. Malheureusement (ou heureusement, à vous de voir) les ennemis font surtout de la figuration, vous aurez rarement à vous défendre ce qui est finalement un bon point tant le gameplay des affrontements laisse à désirer.
Curdin n’est pas du tout un guerrier et ça se sent. D’ailleurs j’ai fini le jeu sans engager le combat une seule fois, car comme dit plus haut les ennemis ne sont pas là pour se battre mais pour vous mettre la pression et vous pousser à prendre de chemins détournés. Si ça semble une bonne idée sur le papier, on se retrouve très souvent à courir à travers champs, en slalom entre les monstres qui même en vous attaquant de loin ne font pas assez de dégâts pour vous tuer.
Sommaire est un mot qui décrit assez bien le gameplay.
Mon petit conseil : mettez directement le jeu en difficulté maximale pour sentir un peu de tension à ce niveau-là. Mais même comme ça, je pense qu’il aurait été plus avisé de retirer totalement ce pan de gameplay du jeu et d’opter pour une aventure sans moyen de défense comme l’avais fait Outlast en son temps.
Les combats mis de côtés, le véritable aspect principal de Mundaun reste l’exploration. Vous rentrez dans les maisons, trouver des objets, prenez des notes en observant les lieux, et même si tout ça n’a rien de palpitant, l’ambiance du jeu se prête parfaitement à cette errance dans ce village désert, mais nous y reviendront plus tard. Vous rencontrerez plusieurs pnj qui vous donnerons des indications ou des indices pour comprendre le nœud de l’intrigue, mais il est dommage de voir que les dialogues restent très sommaires, et on se rend finalement compte que « sommaire » est un mot qui décrit assez bien tout ce qui concerne le gameplay…
Entre graphismes PS2 et coup de génie
Mais tout n’est pas à jeter car, en bon jeu d’horreur, Mundaun propose avant tout une ambiance tout à fait bizarre. Et dans ce contexte, il s’agit clairement d’un compliment. Mais pour ça il faut tout de même détailler un peu la partie technique du titre, et il y en à des choses à dire ! Parlons d’abord d’optimisation : comme souvent avec les petits studios, on se retrouve face à de nombreuses chutes de framerate, un clipping assez présent et surtout des animations extrêmement limitées. Si on voulait être un peu taquin on pourrait même parler de graphismes PS2. Mais c’est là que j’active ma carte piège « petit studio indé.
Mundaun est littéralement l’œuvre d’un seul homme, Michel Ziegler, qui a appris la programmation et le dessin il y a quelques années à peine justement pour faire des jeux vidéo. Il est donc bien plus facile de pardonner les errances techniques du titre et l’aspect daté des modèles 3D, surtout quand on s’intéresse aux textures du jeu. Dessinées à la main, puis scannées et appliqués aux modèles du jeu, Mundaun s’offre un look réellement unique avec ses tons sépia et ses décors qui restent souvent très corrects, comme tirés de très vieilles photographies.
Tout semble avoir été travaillé pour mettre le joueur mal à l’aise, c’est réussi !
C’est également cet aspect technique qui sert l’ambiance du jeu. Le petit village isolé dégage une atmosphère réellement étrange, bizarre. Voir les personnages droits comme des « i » vous fixer de leurs yeux exorbités, parlant dans une langue très peu répandue (le romanche, pour les curieux) participe pleinement à l’ambiance malaisante de ces vastes étendues inhabitées.
Tout semble avoir été travaillé pour mettre mal à l’aise, la solitude ressentie est par exemple souvent dérangée par la présence d’un mystérieux personnage qu’on verra souvent dans le décor, nous observant au loin. Le tout est appuyé par des musiques qui soulignent parfaitement le malaise ou la tension. Mention spéciale à toute la partie concernant les ennemis de la seconde zone, que je ne spoilerais pas mais qui sont une totale réussite en therme de design, de malaise et d’accompagnement sonore.
Il est assez agréable de voir que l’ambiance ne perd pas en qualité au long du jeu et ce malgré quelques longueurs. Comptez environ sept ou huit heures pour terminer l’aventure et rajouter en une poignée pour voir toutes les fins. Une durée de vie plus que correcte pour un jeu d’horreur vendu 20 euros, sachant que dans le genre on tourne plutôt autour des deux ou trois heures de jeu pour ce tarif.
Edité par | Hidden Fields | Public | +18 |
Développé par | Hidden Fields | Fourni par l’éditeur | Oui |
Date de sortie | 16 mars 2021 | Testé sur | Xbox One S |
Plateformes | PC, PS4, Xbox One | Durée de vie | 8h |
Les points positifs | Les points négatifs |
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• Un style graphique unique… | • … qui risque de diviser |
• Durée de vie plus que correcte | • Un aspect combat totalement inutile |
• Un minimalisme bienvenu | • Un gameplay qui fait le minimum syndical |
• Ambiance pesante et maîtrisée | |
Sous sa direction artistique atypique et son gameplay au mieux quelconque, au pire raté, Mundaun cache une atmosphère singulière et très réussie qui le démarque clairement de la concurrence. Loin du côté spectaculaire et des effets très appuyés comme les jumpscares, le jeu opte pour une approche sobre et un minimalisme dans tous ses aspects, qui rend son horreur d’autant plus efficace qu’elle prend le temps de s’installer. Mundaun ne sera probablement pas un jeu phénomène qui mettra tout le monde d’accord, mais il a suffisamment de personnalité pour devenir un petit classique qui marquera ses joueurs. Une de ces curiosités qui laissent une impression durable aux amateurs d’horreur à la recherche d’un peu de fraîcheur.
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