L’avis du Vibromaster : Halo Infinite, une leçon de gameplay mais une narration nébuleuse
Sixième opus de la saga principale, le jeu est sorti en deux temps sur les consoles de Microsoft. Le mode multijoueur, déjà disponible depuis le 15 vovembre, fait déjà la joie des amateurs du genre. Mais nous nous interesseront aujourd’hui uniquement à la campagne solo tant attendue, disponible depuis le 8 décembre 2021.
Trois ans et demi après son annonce et un développement compliqué, cette campagne est-elle à la hauteur de la série ? Réponse en quelque paragraphes…
UNE HISTOIRE QUI TOMBE HALO
L’histoire de ce sixième opus démarre avec une cinématique nerveuse montrant le combat entre le Major et Atriox, ennemi principal du spin-off Halo Wars 2. Le Major est battu et se reveille six mois plus tard grâce à l’aide d’un pilote qui le récupèrera, errant dans l’espace.
Notre héros, loin de rêver de sa retraite sur une plage extra-terrestre, rejoint le combat directement pour réaliser qu’il se trouve sur un nouveau Halo, brisé et occupé par un groupe de Covenant dissidents : les Parias. Le Major devra donc stopper cette armée redoutable, comprendre comment quitter cet anneau, et même y affronter une nouvelle menace…Encore.
Commençons donc par le véritable point noir du jeu : son histoire est peu captivante. La faute notamment à des enjeux qui peineront à captiver le joueur et une certaine retenue concernant la mise en scène. Certes toutes les cinématiques sont composées de plan séquences plutôt sympathique mais qui auront vraiment du mal à se renouveler. Vous appuyez sur un bouton, l’IA qui vous accompagne se matérialise et vous assistez à un dialogue tandis que la caméra tourne autour de nos héros. Le tout n’est pas vraiment aidé par le relatif manque de scène de bravoure, en partie lié à la nouvelle approche de la série en matière de level design (nous y reviendront plus tard).
Jouer à Halo Infinite sans avoir faire Halo Wars 2 c’est comme arriver en contrôle d’histoire sans avoir fait ses devoirs.
L’autre principal problème de cette histoire concerne un point abordé plus tôt : l’introduction place le Major face à un ennemi soi-disant redoutable qui n’est pour le moment apparu que dans Halo Wars 2. Le souci est donc que par moment, j’avais vraiment l’impression d’arriver en plein contrôle d’histoire sans avoir fait mes devoirs ! Qu’un jeu puise dans son lore pour alimenter son scénario n’est pas un problème en soi bien sûr, mais demander aux joueurs de FPS d’avoir fait un jeu d’un genre aussi éloigné que le jeu de stratégie Halo Wars 2 pour comprendre son histoire me parait un brin audacieux. N’ayant moi même pas fait cet opus, j’ai eu du mal à rentrer dans l’histoire et à comprendre ce qui se passait par moment.
Cela dit il me semble aussi necessaire de préciser (même si je peux me tromper) que le scénario ne semble pas vraiment suivre le point de vue du Major, mais bien de son IA embarqué. Ce personnage, hanté par des données corrompues de Cortana et restée seule pendant six mois sur le Halo ne connais rien de la situation extérieure à la salle dans laquelle elle sera récupérée. On s’identifiera bien plus à elle qu’au Major pendant les dialogues. Mais, étant donné que je me suis fait cette réflexion après la fin du jeu, les défauts cités plus hauts restent valables.
Si la première trilogie avait réussi à établir un lore plutôt complexe et à tenir un scénario intéressant et cohérant, cette nouvelle saga peine vraiment à trouver un rythme. Les episodes quatre et cinqs semblaient déjà se lier entre eux avec difficulté, mais celui semble même lancer sa propre histoire. D’autant plus que la fin, abrupte, laisse encore une fois beaucoup de questions en suspens tout en ayant presque pas répondu à celles posés dans les opus précédents. On sent que le développement chaotique du jeu à affecter sa narration, et on ne peut qu’espérer que 343 Industries s’en sorte mieux avec la suite.
Surtout quand le gameplay est aussi bon…
DES BASES SOLIDES ET DES NOUVEAUTES CONVAINCANTES
Dès les premiers affrontements, on se sent comme à la maison. Les gunfights sont toujours aussi agréable, notamment grâce aux armes. On sent très vite le soin apporté aux feelings, du pistolet de base aux Marteaux de Guerre, le studio montre ici toute son expertise. Le jeu profite pleinement de son héritage, aussi bien de la saga de base que du gain de souplesse des opus les plus récents. Si les vétérans n’étaient pas dépaysés, les nouveaux joueurs devraient se faire à la physique et au rythme assez particulier de la license.
En effet Halo se joue bien comme une sorte de fast-FPS qui tournerais au ralentit. Dit comme ça, on pourrait croire à un mélange contre intuitif, mais dans les faits cela veut surtout dire que le jeu encourage le mouvement constant et la prise de risque ainsi que les changements d’armes sans pour autant demander les reflexe d’un DOOM par exemple. C’est avec plaisir qu’on fonce dans les hordes Paria arme en main en bougeant, sautant et mettant de gros coups de crosses dans leurs gencives aliens.
Le tout est également embelli par une nouveauté dans les mouvements puisque l’on gagnera des sortes de power up améliorable donnant de nouvelles possibilités d’approche. Le seul souci étant le manque de clarté lorsqu’il faudra changer de power up ou de grenades en plein affrontement, surtout quand on réalise qu’un mouvement aussi essentiel que l’esquive doit être équipé avant utilisation. Rien de bien grave cependant vu qu’on sera surtout tenter d’utiliser le premier accessoire du jeu : le fameux grappin.
Le grappin apporte énormément de dynamisme aux combats.
Cet outil apporte énormément de dynamisme aux combats en ajoutant de la verticalité mais aussi de l’agressivité. Il sera possible en effet de lancer votre grappin directement sur un ennemi pour lui foncer dessus avant de lui assener un énorme coup au corps à corps. Vous pourrez aussi l’utiliser pour frapper les boucliers adverses et ainsi créer une ouverture dans le combat par exemple.
Mais bien entendu le grappin servira surtout au plus grand changement de level design de la série, l’open-world. Si en premier lieu on pourrait lever un sourcil face à cette idée (et c’est bien normal) force est de constater qu’en jeu la formule s’avère très efficace.
Si pour Gears Of War par exemple, le passage en open-world pouvait sembler maladroit, voire forcé, il faut bien admettre qu’il est la suite logique pour Halo. Dès les premiers opus, les niveaux vastes et ouverts ainsi que la condition même de surhomme du Major laissaient entrevoir cette possibilité. Mais comment se présente cet open-world justement ? Villages de paysans ? Commerces ? Pluie de quêtes secondaires ?
Que nenni mon ami. 343 Industries nous propose un monde proche de celui de Metal Gear Solid V par exemple. Un terrain de jeu parsemé d’ilot prétexte à expérimentation. Si bien sûr on n’approche pas de la richesse du jeu cité plus tôt, on aura quand même de quoi faire vu le choix d’armes, de véhicules et d’objectifs proposés. Sans oublier que ce Infinite est en fait très humble et à le bon goût de proposer une map assez modeste qui saura divertir le joueur sans le lasser. Les objectifs y sont certes peu variés, mais ils ne sont pas non plus suffisamment reproduits pour lasser le joueur. On est donc bien loin des mastodontes du genre qui croulent sous les activités et c’est non seulement normal, mais aussi très bien vu de la part du studio.
Dernière remarque concernant les véhicules. Si la map semble inviter à l’exploration, on se retrouvera vite à foncer à travers champs à l’aide du grappin et à garder les véhicules pour les situations de combats. En effet les environnements sont bien trop solides ! Sans exiger le même niveau de destruction qu’un Battlefield, quelques arbres qui plient sous nos roues auraient été les bienvenus. Car oui, même avec un tank, vous serez bloqué contre le plus petit des sapins du jeu.
LE LIFTING DE CRAIG LA BRUTE
Mais quid de la technique dans tout ça ? Après des premiers trailers un poil décevants, le jeu qui nous arrive entre les mains a-t-il revu sa copie ?
Et bien oui. Le jeu, sans être parfait, reste tout à fait agréable à l’oeil, notamment grâce à un design toujours aussi soigné et des décors très bien mis en valeur à l’aide de lumières tout à fait maitrisées. Il me parait également très important de souligner que ce test a été réalisé sur une Xbox One S.
Le jeu, sans être parfait reste tout à fait agréable à l’oeil notamment grâce à un design toujours aussi soigné.
On pourrait douter de la pertinence de mon avis vu que je ne joue pas à la « claque next gen » sur une console next gen, mais à l’heure où la pénurie dure encore et où il est difficile de se procurer une Series X, il me semble pertinent de rassurer les joueurs dans mon cas. Et oui, tout va bien. Si le framerate n’est certes pas parfait, le jeu tourne très bien, n’as pas planté une seule fois et son aspect un peu « lisse » en décevra certains, mais je pense que c’est exactement ce qui lui permettra de rester agréable à l’oeil dans quelques années, là où le photoréalisme vieillis généralement très vite. On regrettera quand même des visages peu convaincants par moment.
La bande-son quant à elle se fait peut-être plus discrete qu’avant, mais reste toujours d’excellente facture. Le tout est encore une fois accompagné de doublage français toujours aussi bons malgré une synchro labiale qui connaitra quelques ratés.
Comme dit plus haut, le jeu ne risque pas de lasser les joueurs qui voudraient l’explorer. Comptez une dizaine d’heures voire moins pour foncer à travers la campagne et un peu plus du double pour viser les 100%. Tout dépendra aussi de votre habileté et de la difficulté choisie en début de partie étant donné que déjà en mode normal, certaines situations seront très tendues et vous demanderont plusieurs tentatives…
Edité par | Xbox Game Studios | Public | +16 |
Développé par | 343 Industries | Fourni par l’éditeur | Non |
Date de sortie | 8 décembre 2021 | Testé sur | Xbox One S |
Plateformes | PC, Xbox One, Xbox Series | Temps de jeu | 10h |
Les points positifs | Les points négatifs |
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• Un gameplay très soignées | • Un scénario peu convaincant |
• Un jeu qui offre juste assez d’activités pour rassasier le joueur sans le gaver | • Un terrain mal adapté aux véhicules |
• Graphiquement très propre sur Xbox One S | • Où est la co-op? |
• Le feeling des armes très soignés | |
• Le grappin, aussi utile en exploration qu’en combat |
Fruit d’un développement compliqué, et héritier d’une saga majeur de l’histoire des jeux video, Halo Infinite avais fort à faire pour satisfaire les joueurs. Et le pari d’un open-world semble avoir porté ses fruits. Sans être la grosse claque que certain attendaient peut-être, cet episode a le mérite d’être un FPS très solide qui bénéficie réellement des nouveautés apportées. En proposant assez de contenu pour satisfaire le joueur sans le noyer sous les activités annexes, 343 Industries parvient à proposer un virage réussis pour la saga qui souffre encore malheureusement d’un manque d’enjeux et d’audace dans son scénario. Un résultat finalement encourageant après des épisodes Quatre et Cinq et qui avaient divisés les joueurs. On attendra donc la suite avec impatience pour voir ce que le studio fera de cette base ma foi fort sympathique.
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