L’avis du Vibromaster : 12 Minutes, entre coup de génie et frustration
Bonjour à tous et bienvenue dans ce test de Twelve Minutes, dernier poulain de l’éditeur indépendant Annapurna Interactive sortis le 19 Aout 2021.
Le jeu ayant fait sensation au cours de ces diverses présentation, l’heure est venue de porter un avis définitif sur le titre afin de voir si toute cette attente était bel et bien justifiée.
Verdict en quelque lignes…
LE JOUR DE LA MARMOTTE
Après une dure journée de travail, vous rentrez chez vous. Vous saluez votre femme, discutez un peu bref une soirée normale jusqu’à ce qu’on sonne à la porte. Un officier de police entre chez vous, accuse votre femme d’un crime et la situation tourne au vinaigre. Vous recevez un sale coup…
Après une dure journée de travail, vous….Revivez encore la même scène. Votre objectif sera donc de briser la boucle et vous sortir de cet Enfer digne de Nietzsche. Chaque boucle amènera son lot de réponses et de possibilités, et il faut bien dire que comme souvent chez les indés, il s’agit sans surprise d’une des forces du titre. Le postulat de départ est certes basique, mais chaque retournement de situation semble presque redéfinir les rôles et on finis assez vite par ne plus savoir qui croire.
On pourra d’ailleurs experimenter divers scénarii au fil de l’aventure, mais je n’en dirais pas plus pour conservez au maximum votre plaisir de la découverte.
Chaque scène de révélations est un véritable plaisir.
Le scénario est donc bon, très bon même puisque que chaque scène de révélations est un véritable plaisir à suivre et le partit pris de la mise en scène rend le tout très particulier. En effet la caméra est placé au plafond (en terme cinématographique on appelle ça un plan zénithal) et vous ne verrez donc aucun visage au cours du jeu, il faudra uniquement vous reposez sur les dialogues et leurs interpretations afin d’être immergée dans l’histoire.
Pas de soucis concernant les interprètes d’ailleurs, vu que nous avons droit à un casting cinqs étoiles ! James McAvoy (Split, X-Men), Daisy Ridley (Rey dans Star Wars) et Willem Dafoe (le Bouffon Vert lui même !) donnerons vie aux trois protagonistes de façon plus que convaincante. Un choix de casting qui est un plaisir pour les oreilles tout en étant un argument de confiance pour le grand publique (car oui, qu’on le veuille ou non c’est aussi pour ça qu’on fait appel à ce genre d’acteurs). Le jeu compte d’ailleurs plusieurs références cinématographique, se présentant lui même comme un « thriller interactif », nom qu’il porte plutôt bien donc.
Mais si l’histoire est bonne, que les révélations sont intéréssantes et le casting en grande forme, quid du gameplay ?
SORTEZ MOI DE CET APPARTEMENT PAR PITIE !
Et là, c’est la douche froide. Premier problème pour les joueurs qui comme moi, découvriront le jeu sur console: le titre est un authentique Point’N’Click. Pas de déplacement libre, vous devrez indiquer un endroit avec votre curseur et cliquer dessus pour voir votre personnage s’y rendre. Si un principe de gameplay aussi simple est tout à fait agréable à la souris, faire ces mouvements au stick est très désagréable, voir irritant par moment. Mais si c’était là le seul problème, tout irais bien…
Comme dit plus haut, le jeu se repose sur un système de boucle temporelle, tout comme The Forgotten City dont le test à été publié récemment. Sauf qu’ici, au lieu de se retrouver dans une boucle sympathique qui invite à l’exploration et aux dialogues, on finis bien vite par se sentir limité. Limité déjà par le gameplay, non seulement pour les déplacements mais également pour les interactions, chacun d’entre elles vous demandant de restez passif pendant de longues secondes. Rien de bien grave me direz vous, mais certaines actions devront être répété quasiment à chaque cycle et vous comprendrez vite où se situe le problème.
Le jeu souffre d’un réel problème de rythme, à la fois dans son gameplay et sa narration.
Imaginons une situation pour illustrer tout ça. Si le jeu vous demandais d’enlever vos chaussures, de poser votre veste, de ranger votre mallette, d’aller à la salle de bain pour faire un petit pipi puis de vous laver les mains AVANT de tenter de nouvelles choses ou de relancer la boucle précédente pour changer une seule réponse et que tout cela prenais en tout deux minutes, ça irais. Maintenant imaginez cette situation plusieurs fois d’affilées. Quatre fois, cinq, six, peut-être plus si vous avez du mal à trouver des solutions. Au final je pense avoir passer plus d’une demi heure à attendre sans toucher à ma manette, ce qui est ma foi fort pénible quand le jeu dure à peine plus de quatres heures.
Le même problème s’applique à l’histoire. Car oui si les scènes de révélations sont très intéressantes, elles sont bien trop espacés à cause de la lenteur générale du titre. C’est bien simple, la progression, d’abord très satisfaisante, finis par être freinée quand on se sent bloqué à cause d’une ironie dramatique mal gérée. Ces moments « délicieux » dans lesquels vous savez quoi faire ou quoi dire mais que vous ne savez pas comment le faire dire à votre personnage. Des moments qui ont un peu tendance à se repeter.
En bref le jeu propose un gameplay lourd, extrêmement répétitif et gangrèné par des choix de game design un peu maladroit. Le gros point faible du titre donc, heureusement contre balancé non seulement par l’histoire, mais aussi par son attrait artistique.
T2 A LOUER, TRES COSY
L’un des arguments principal pour se démarquer sur la scène indépendante, c’est bien entendu la direction artistique. Indispensable pour marquer l’esprit du joueur, les studios indépendants ont bien compris qu’il était nécessaire de s’affirmer sur ce point. Et Twelve Minutes ne déroge pas à la règle.
Nous avons déjà abordé la mise en scène, mais graphiquement le jeu s’en tire avec les honneurs. Techniquement déjà, et mis à part un plantage, le jeu tourne parfaitement. Les animations sont fluides, aucun ralentissements n’est à deplorer, bref, tout tourne comme une horloge Suisse. Quant à la direction artistique, on est là aussi face à du très beau travail. Le décor de l’appartement propose un rendu très agréable, avec un travail des lumières somptueux, notamment dans la chambre du couple à certaines heures.
Nous sommes en face d’une direction artistique très réussie.
Certains diront sûrement que le décor est trop épuré et on pourrais même avoir du mal à croire qu’un couple puisse vivre dans un appartement aussi spartiate. Ce serais oublier qu’une telle direction artistique propose d’abord l’avantage de la clarté (on sais tout de suite ce qui va nous servir ou pas) mais est aussi utile pour la narration. Mais je n’en dirais pas plus, non pas pour évitez le spoil, mais parce que cela signifierais partir dans des analyses un peu alambiquées et peut-être même de la surinterprétation !
Enfin concernant la bande son, outre les doublages de très bonne qualité, on notera la présence de musiques assez discrètes mais surtout d’un bruitage, d’une note, qui apparaitra en fin de boucle. Quand les douzes minutes s’achèvent, un bruis de plus en plus oppressants se fera entendre, et sera particulièrement efficace lorsque cela arrivera en pleine révélation. Vous serez réellement à court de temps…
Edité par | Annapurna Interactive | Public | +18 |
Développé par | Luis Antonio | Fourni par l’éditeur | Non |
Date de sortie | 19 août 2021 | Testé sur | Xbox One S |
Plateformes | PC,Xbox One, Xbox Series | Durée de vie | 5h |
Les points positifs | Les points négatifs |
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• L’histoire, très prenante | • Du point’n’click à la manette ?! |
• La direction artistique de très bonne facture | • Le système de boucle temporelle assez maladroits par moment |
• Le casting | • Frustrant sur la durée |
• La mise en scène | • Un ratio « pénibilité/ récompense » mal dosé |
Twelve Minutes est un jeu imparfait. Mais il est important de signaler deux choses. D’abord il s’agit du premier jeu de Luis Antonio qui l’as quasiment développé seul. Ensuite, comme souvent avec les jeux imparfaits, Twelve Minutes à la mérite de proposer quelque chose. Une experience sans concession qui fera forcément naître quelques aspérités, qui laissera certains joueurs sur le carreau. Dans son principe même de boucle temporelle poussée à l’extrême, le joueur tout comme le personnage se retrouveront piégé dans cet Enfer de répétition, condamné à refaire encore et encore les mêmes actions jusqu’à trouver une échappatoire. Et si, d’un point de vue purement artistique, se retrouver tout autant pris au piège que son avatar est très intéressant, force est de constater que d’un point de vue ludique, tout cela peut vite frustrer le joueur qui laissera la manette lui tomber des mains. A vous donc de voir dans quel camps vous êtes…
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