L’avis de Noopinho : Shenmue III
Aujourd’hui je m’attaque à un test assez délicat, celui de Shenmue III. Pourquoi ce test est-il délicat ? Tout simplement parce que Shenmue est l’une des licences les plus mythiques du jeu vidéo, un titre qui était assez révolutionnaire à sa sortie.
Il n’est donc pas simple pour moi d’écrire sur la suite de cette légende, qui arrive plus de 15 ans après la sortie du dernier opus.
Le charme de Shenmue et des aventures de Ryo Hazuki fonctionne-t-il toujours aujourd’hui ? C’est ce que nous allons découvrir dans ce test.
Colombo, mais en Chine et sans son chien
Resituons rapidement ce qu’est Shenmue. Cette franchise est apparue en Europe à la fin de l’année 2000, sur la Sega Dreamcast, qui allait connaître une fin de vie très rapide suite à l’arrivée du tsunami Playstation 2.
Le titre était assez révolutionnaire pour l’époque, avec le plus gros budget de l’histoire pour un jeu vidéo à sa sortie. Shenmue est notamment le précurseur des QTE. Il avait un monde avec des PNJ bien distincts qui vivaient leur propre vie, un cycle jour/nuit bien précis, et des tas d’activités annexes.
Shenmue III prend suite directement à la fin de Shenmue II. Nous retrouvons donc Ryo, toujours à la recherche de l’assassin de son père : Lan Di. Le titre nous propose d’ailleurs un petit film récapitulatif des deux premiers épisodes, mais malheureusement cela ne sera pas suffisant pour comprendre l’intégralité de l’histoire. C’est tout de même une très belle idée pour que les novices puissent également profiter de ce nouvel opus.
Contrairement aux zones urbaines du premier et second épisode, qui se déroulaient respectivement à Tokyo et Hong Kong, Shenmue III nous propose la Chine avec des environnements très champêtres et traditionnels. Comme dans les précédents épisodes, Ryo va devoir aller à la rencontre des différents PNJ qui peuplent le jeu pour faire avancer son enquête.
Ce rythme peut surprendre aujourd’hui, mais c’est clairement l’une des choses qui m’a le plus plu dans ce titre.
Toutefois, l’histoire du titre n’avancera au final pas beaucoup, malgré les 25 heures de jeu qui la composent. On se concentrera surtout sur la recherche du père de notre amie Shenhua, mais également sur les différents mystères entourant le village de Bailu, afin de faire avancer notre enquête.
Shenmue III prend le temps de raconter son histoire, un rythme qui est propre à cette saga. La narration avance au fur et à mesure de nos discussions avec les différents PNJ, mais également au fil des jours qui s’écoulent. Ce rythme peut surprendre aujourd’hui, et dénote totalement avec les productions actuelles, mais c’est clairement l’une des choses qui m’a le plus plu dans ce titre.
Finalement, nous prenons plaisir à suivre les aventures de Ryo, à déambuler dans cet univers et discuter avec ses PNJ, pour certains assez attachants, pour d’autres un peu clichés malheureusement.
L’histoire de la vie
Mais si Shenmue III m’a séduit par son rythme et son univers, qu’en est-il du gameplay ?
Et bien pour tout vous dire, ce nouvel opus de la saga change très peu des épisodes précédents. Comme je le disais un peu plus haut, nous suivons toujours Ryo qui doit remplir son emploi du temps entre son enquête, des activités annexes, mais également quelques petits boulots.
Pour gagner de l’argent, notre héros aura plusieurs moyens à sa disposition, comme travailler, tout simplement. Vous pourrez par exemple couper des rondins de bois, ce qui vous rapportera quelques deniers. Mais le plus efficace et le moins rébarbatif reste la récolte de plantes, que vous pourrez échanger aux différents marchands pour une somme plus ou moins juteuse.
Cette course à l’argent, qui est nécessaire pour progresser dans certaines quêtes, est quelque peu dommage, mais reste tout de même un peu moins compliquée qu’à la sortie du titre, grâce à de nombreux patchs.
Les combats sont plutôt basiques mais intéressants.
L’autre activité principale du titre est la maîtrise et la pratique des arts martiaux. Ryo pourra s’exercer à de nombreuses reprises durant son aventure afin d’améliorer ses techniques, mais également son endurance. La maîtrise des techniques de combat n’est pas à prendre à la légère, car plusieurs affrontements seront obligatoires durant votre progression, et il faudra être bien préparé pour gagner.
Les combats sont d’ailleurs plutôt basiques mais intéressants, avec des touches pour les différents coups de poing et coups de pied, une touche pour la garde, et une pour les attaques spéciales. On regrettera toutefois un certain manque de punch sur la plupart des attaques, ainsi qu’un manque de précision en général.
Dernier point important en terme de gameplay : votre enquête évidemment. Celle-ci consistera la plupart du temps à discuter avec les bonnes personnes. Comme auparavant, il faudra parfois attendre la bonne heure de la journée, et surtout trouver le bon endroit, pour pouvoir faire avancer l’histoire.
Le point négatif à mon goût, ce sont les quelques phases de recherche d’objets. Par exemple, à un moment dans le titre, il vous faudra trouver un item dans un temple. Ce dernier comporte approximativement une vingtaine de tiroirs. Dans un soucis de réalisme, vous pourrez fouiller les 20 avec les animations et la lenteur qui va avec, jusqu’à vous rendre compte que ce que vous cherchez se trouvait en fait… accroché au mur ! Ce genre de phases est assez frustrant car elles cassent le rythme à mauvais escient malheureusement.
Dernier point négatif concernant le gameplay : la maniabilité de notre personnage. Par moment, j’ai vraiment eu l’impression de contrôler un poids lourd, et il n’est pas toujours aisé de déclencher les bonnes actions avec des déplacements un peu hasardeux. Heureusement, nous ne retrouvons pas cette sensation lors des combats.
Une ambiance géniale, au service d’une technique datée
Shenmue III m’a donné une impression vraiment mitigée au premier coup d’œil, et cette mauvaise impression s’est confirmée au fur et à mesure de mon aventure. La technique n’est clairement pas à la hauteur d’un titre sorti en 2019.
Nous avons droit à pas mal d’aliasing, mais aussi et surtout à des PNJ assez inexpressifs, et au design loufoque par moment.
Plusieurs panoramas valent le coup d’œil, comme le pont aux fleurs à l’entrée de Bailu.
Toutefois, tout n’est pas à jeter, car le titre a également su m’enchanter totalement grâce à sa direction artistique. Plusieurs panoramas valent même clairement le coup, comme le pont aux fleurs à l’entrée du village de Bailu.
De plus, l’OST colle parfaitement avec l’ambiance de Shenmue III. C’est un réel plaisir de déambuler dans les allées de ces villages chinois, au rythme de ces belles mélodies asiatiques.
Concernant le doublage, je n’ai pas grand chose à redire. J’ai évidemment opté pour les voix en japonais, et ces dernières étaient parfaitement en accord avec l’action. On notera d’ailleurs le sous-titrage total du titre en français.
Edité par | Deep Silver | Public | +16 |
Développé par | YS Net | Fourni par l’éditeur | Oui |
Date de sortie | 19 novembre 2019 | Testé sur | PC |
Plateformes | PC, PS4 | Temps de jeu | 15h |
Les points positifs | Les points négatifs |
• Du Shenmue comme à l’époque | • Scènes d’enquête assez ennuyeuses |
• Prend le temps de raconter son histoire | • Ryo pas toujours simple à déplacer |
• Beaucoup d’activités différentes | • Des combats qui manquent de précision |
• Direction artistique et OST enchanteresses | • … mais technique totalement datée |
• Récapitulatif disponible pour les novices de la licence |
Profondément ancré dans son passé, Shenmue III peine à nous offrir quelque chose de réellement nouveau. Mais est-ce vraiment le souhait qu’avaient les développeurs ? Je ne suis pas sûr. Le titre réussit totalement son pari dans son rythme, toujours aussi lent, à la fois en décalage avec les productions actuelles, mais pour le coup très agréable. Le gameplay quant à lui souffre de quelques défauts assez embêtants, avec une enquête pas toujours très palpitante. On notera également une technique vraiment datée, mais rattrapée par une direction artistique et une OST envoûtantes. Shenmue III est un titre à part, hors du temps, et je pense que soit on accroche et on se laisse prendre à son aventure, soit on n’y passera pas plus de 2h tellement on s’ennuiera. Pour ma part, j’espère clairement revoir Ryo sur nos écrans prochainement, en espérant qu’il gomme un peu ses imperfections.
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