L’avis de Noopinho : Gerda : A Flame in Winter, résister ou se battre

Aujourd’hui on se retrouve pour le test d’un titre un peu particulier : Gerda : A Flame in Winter. Il s’agit du premier jeu édité par le studio français Don’t Nod (connu notamment pour Life is Strange), et il est développé par PortalPlay, un studio danois.

Le titre se déroule justement au Danemark, durant la Seconde Guerre Mondiale et donc pendant l’occupation du territoire par les Allemands. Cette aventure narrative est sortie ce jeudi 1^er septembre 2022 sur PC et Nintendo Switch.

Est-ce que le périple de Gerda est suffisamment bien narrer pour proposer une aventure passionnante du début à la fin ? C’est ce que nous allons découvrir.

Des choix & des conséquences

Et vous, que seriez-vous prêt à faire pour sauver vos proches durant un conflit armé dans votre pays ? C’est à ça que veut nous faire réfléchir le titre de PortalPlay. Comme son nom l’indique, nous incarnons Gerda, une jeune infirmière possédant des origines danoises et allemandes.

L’aventure débute en décembre 1939, la Seconde Guerre Mondiale débute à peine, mais pour le moment le Danemark est épargné. Cela ne durera pas bien longtemps, et nous retrouvons notre héroïne en février 1945, durant l’occupation du Danemark par l’Allemagne. Cette dernière est désormais mariée avec Anders, un jeune danois ayant envie de changer les choses dans son pays.

En effet, à la suite d’actions de la résistance auxquelles il va participer, Anders va se faire capturer par la Gestapo, et Gerda va se retrouver au milieu de cette histoire avec pour seule ambition : sauver son mari des horribles nazis.

Gerda étant d’origine danoise et allemande, elle est dans une posture où elle peut comprendre les motivations des deux camps ce qui donne une narration vraiment intéressante.

L’infirmière a la bonne idée de noter l’intégralité des faits de ses journées dans son journal, mais également de ses relations avec les habitants de la ville de Tinglev (lieu où se déroule l’aventure). Cela nous permet d’avoir son ressenti au fur et à mesure, mais également de garder une trace sur des éléments narratifs importants.

Car oui, l’histoire du jeu est importante, c’est même ce qui permet au titre d’être si intéressant. Tout d’abord nous avons vraiment l’impression que nos choix influent sur le déroulement de l’aventure. De plus, il n’y a pas vraiment de bons ou mauvais choix, du moins rien d’écrit de façon évidente.

Enfin, je trouve que le point de vue abordé concernant le conflit est très intéressant. Gerda étant à la fois allemande et danoise, elle arrive à comprendre les deux points de vue. Alors non, elle n’embrasse pas l’idéologie nazi, ce n’est pas le propos et encore heureux, mais parfois on arrive à avoir de la compassion pour certains soldats qui se retrouvent enfermés dans une idéologie totalement folle et qui les dépasse. L’histoire n’aborde pas les choses de façon parfaitement manichéen, ce que qui est assez rare concernant cette période de l’histoire.

La Guerre des mots

Nous avons parlé de l’histoire et de la narration, abordons désormais le gameplay du titre. Tout se joue à la souris (du moins sur PC) et il faudra cliquer pour déplacer notre personnage, et cliquer sur des objets ou personnes pour la faire interagir avec.

Le jeu repose avant tout sur ses dialogues, mais il propose tout de même quelques mécaniques plutôt malines. Par exemple, Gerda dispose de trois compétences, l’intuition, la compassion et la perspicacité. Ces compétences gagnent des points en fonction de certaines de nos actions, et nous pouvons en dépenser pour réussir des dialogues complexes. Il sera donc question de bien gérer ses différents points pour mener à bien nos conversations.

Ce système est également le même pour le relationnel que nous avons avec les habitants, il faudra par exemple avoir une relation de 3 points avec une certaine personne pour la convaincre de vous aider, si tel n’est pas le cas, il ne faudra pas compter dessus. De plus, il est aussi question de 4 factions qui ont un point de vue sur vous, avec encore un système de points. Il s’agit des Danois, des Allemands, de la résistance et de l’occupation.

Une fois encore, le nombre de points que vous avez avec ces différentes entités vous ouvrira des options de dialogues ou non. Libre à vous donc de la jouer stratège et d’essayer de ne pas trop se mettre les gens à dos afin d’avoir un pouvoir d’influence sur plusieurs paramètres. Ou bien alors de rester droit dans vos bottes et de garder une ligne directrice dans vos choix.

En plus de cela, il sera possible d’apprendre des secrets sur différents habitants, et vous pourrez essayer d’en tirer profit en faisant pression sur les différents protagonistes.

Le jeu nous laisse la liberté d’être soit assez stratège et manipuler les différents camps pour arriver à nos fins, ou bien de rester droit dans nos bottes et de rester fidèle à ses valeurs.

Une autre subtilité dans certains cas, c’est que nous pouvons être pris par le temps. Par exemple, dans certaines scènes, il faudra essayer de fouiller un lieu avant que la Gestapo n’arrive, une fois le temps écouler vous ne pourrez pas continuer, et vous pouvez bien passer à côté d’éléments importants.

Il en sera de même pour les lieux à visiter. Le jeu se déroulant selon un calendrier, les jours défilent et il sera possible parfois de visiter 2 lieux sur 3 visitables dans une journée, ce qui vous fermera certaines options narratives, une vraie bonne idée !

Enfin, je trouve que les interactions avec l’environnement sont un peu limités, il n’y a pas vraiment de challenge. Quelques petits casse-têtes ou énigmes auraient pu pimenter le titre, mais aussi renouveler une formule qui se répète un peu sur la fin. C’est-à-dire que Gerda arrive à un endroit, elle discute avec les personnages, interagit avec les lieux, écrit dans son journal et puis on passe à la suite.

Toile de fond

Avant de parler de technique abordons rapidement la durée de vie. Il m’a fallu 5 heures et demi pour voir le générique final, mais le jeu possède une bonne rejouabilité grâce à ses nombreux embranchements narratifs. Il faudra donc quelques heures supplémentaires pour découvrir toutes les possibilités.

Ce qui saute tout de suite aux yeux dans Gerda, c’est bien son esthétique. Le jeu possède une direction artistique très singulière, ressemblant presque à des peintures. Cela confère un charme certain à l’ensemble, même si je pense que cela ne plaira pas à tout le monde. Le petit défaut de ce style, c’est que le tout manque un peu de détails, ce qui peut empêcher parfois de profiter de tout le travail artistique des développeurs.

De plus, le jeu proposant des caméras fixes, pour la plupart bien utilisées, nous ne sommes pas libres de comment on observe le titre, et on ne profite pas toujours des différents paysages.

Enfin, la partie sonore est une grande réussite. Pour plus d’authenticité, j’ai opté pour un doublage en danois, avec sous-titrage en français, et même s’il y a finalement peu de dialogues doublés, on a la lecture de Gerda quand elle écrit son journal, le tout dans un ton vraiment juste ce qui renforce l’immersion. Les différentes musiques utilisées sont également en parfait adéquation avec le thème, elles oscillent à la fois entre une certaine mélancolie, mais aussi une véritable oppression dans les moments tendus de l’aventure.

Gerda : A Flame in Winter est une belle surprise. Le premier jeu édité par Don’t Nod a réussi à me happer dans son histoire à la fois passionnante et qui arrive à nous prendre aux tripes. Est-ce que Gerda doit suivre ses principes quitte à prendre de grands risques, ou bien doit elle essayé de jouer les stratèges pour arriver à ses fins. C’est un peu le grand dilleme du titre, et il n’y a pas de bon ou de mauvais choix, seulement des décisions avec leurs lots de conséquences, positives ou négatives. Le titre aurait gagné à se réinventer un peu plus et à proposer des interactions avec l’environnement plus poussées, mais en l’état, si vous êtes friand d’aventure narrative, je ne peux que vous conseiller ce périple avec notre jeune infirmière danoise.