Avis – Silent Hill 2 Remake, L’hégémonie d’un culte
Bienvenue aux psychanalystes en herbe dans cet avis sur Silent Hill 2 Remake !
En septembre 2001 sortait Silent Hill 2, un jeu vidéo ayant acquis un statut d’œuvre culte dans l’univers vidéoludique des jeux d’horreur. Plus de 23 ans après, la Bloober Team s’attaque tout simplement à un monument en décidant d’offrir un remake de ce jeu.
Un défi à haut risque quand on connaît la virulence de la fanbase du jeu, souvent considérée comme extrêmement tatillonne sur la licence, surtout en ce qui concerne ce deuxième opus.
Mais en vérité, qu’en est-il ? Après un trailer critiqué à foison en raison de sa réalisation axée sur l’action, le jeu final semble pourtant avoir fait taire toutes les bouches.
Retour en 2001
Pour remettre en contexte, le statut culte de Silent Hill 2 mérite que nous nous y attardions quelques lignes. Définir ce qu’est une œuvre culte pourrait se résumer comme suit : une œuvre connue de tout le monde, que celle-ci ait été jouée ou non. En somme, un jeu dont tout le monde a entendu parler au moins une fois dans sa vie sans forcément avoir posé les mains dessus.
Et pour cause, Silent Hill 2 dans sa version PS2 est un jeu vidéo ne s’étant vendu qu’à plus ou moins 1 million d’exemplaires (Les sources sont un peu floues à ce sujet, mais cela reste un succès limité). C’est un chiffre honorable mais loin derrière la licence de son concurrent tout trouvé de l’époque : Resident Evil. La comparaison semble idiote tant la thématique des deux univers est à des années-lumière, mais le gameplay et le game design des deux œuvres vidéoludiques restent pourtant très similaires aux premiers coups d’œil.
On comprend que cette fanbase de plus ou moins 1 millions de joueurs a trouvé une très belle manière de porter sa voix afin de promouvoir leur jeu préféré au fil des ans.
Une fois cela remis en contexte, on comprend que cette fanbase de plus ou moins 1 million de joueurs a trouvé une très belle manière de porter sa voix afin de promouvoir leur jeu préféré au fil des ans. N’est-ce pas finalement étonnant de constater que toute la commu JV connaît Silent Hill 2 au moins de nom alors qu’ils sont si “peu” à y avoir joué ?
Un succès d’estime
La Team Silent, responsable de Silent Hill 2, a accompli une vraie prouesse en proposant un jeu totalement hors des schémas habituels en 2001. Mais sortir des plans habituels ne suffit pas. Comment attirer un public avec un univers déjà établi ? La réponse : ce deuxième opus peut être considéré comme un vrai spin-off dans l’univers Silent Hill. Le jeu de la Team Silent est réellement à part et ne nécessite aucune connaissance de l’univers. L’histoire de cette aventure est totalement décorrélée du premier opus et des suites sorties a posteriori.
Et pour insuffler une vraie puissance à l’histoire de Silent Hill 2, plusieurs choix audacieux ont été faits. Impossible de revenir dessus sans bourrer le crâne avec un essai complet. Pourtant, nous ne pouvons pas faire l’impasse sur le fait que l’aventure ici contée est avant tout réalisée comme n’étant pas un jeu vidéo (c’est un peu exagéré, mais l’idée est là). L’histoire, les visuels des “monstres”, la ville, rien n’a été pensé comme devant répondre à un impératif vidéoludique. L’histoire primait d’abord sur un quelconque plaisir manette en main. Ici, tout est pensé comme devant répondre à la narration et rien n’est laissé au hasard…
Silent Hill 2 se propulsait comme une oeuvre avec des angles de lecture incroyables à appréhender.
Difficile d’en dire plus sans gâcher l’histoire, tant la force de Silent Hill 2, en 2001, résidait avant tout sur le prisme du scénario. Le point suivant n’est que l’humble avis de votre testeur du jour, mais la version 2001 de Silent Hill 2 était une purge à jouer, le plaisir était pour ainsi dire inexistant, que ce soit dans la construction des niveaux ou le gameplay extrêmement lourd.
Pourtant, le scénario suffisait à lui tout seul à réunir les fans. En proposant une histoire alambiquée, Silent Hill 2 se propulsait comme une œuvre avec des angles de lecture incroyables à appréhender. Aujourd’hui, grâce aux différents développeurs, tout est expliqué et il est possible de connaître très clairement l’histoire de A à Z sans quasiment aucune zone d’ombre.
C’est avec toute cette effervescence d’époque que Silent Hill 2 a réussi à s’imposer comme une œuvre culte (et tout un tas d’autres raisons, mais nous allons nous arrêter là sinon nous ne parlerons jamais du remake de 2024).
Une lettre dans la brume
James, le personnage principal, débarque dans la ville de Silent Hill suite à la réception d’une lettre de sa femme. Dans ce courrier, sa femme morte depuis 3 ans, lui donne rendez-vous à leur endroit préféré dans cette ville. Malgré la mort de sa femme, James nourrit un maigre espoir de retrouver son épouse.
Commence alors un long périple dans une ville envahie par la brume. Véritable enjeu technique lors de sa sortie en 2001, la naissance de ce brouillard était surtout un choix technique afin de pouvoir afficher tous les décors à l’écran sur une console limitée du côté de sa puissance. Combo gagnant, ce choix technique s’est avéré être une véritable idée créative donnant à Silent Hill 2 un cachet inégalé en termes d’horreur jusqu’alors. Le remake réussit à merveille à conserver l’identité de la version originale en jouant à la perfection sur la peur de l’inconnu grâce à cette brume épaisse empêchant d’avoir un champ de vision parfait.
Mais même au-delà de la brume, Silent Hill 2 Remake garde toute l’essence de la version originale. L’histoire y est extrêmement fidèle. Le nouveau doublage et les nouveaux modèles 3D rendent honneur et, parfois, permettent de sublimer une œuvre déjà exemplaire sur ces points à l’époque.
Lors de ces péripéties, vous croiserez des personnages tous aussi mystiques et étranges les uns que les autres, donnant une saveur très hors de la réalité à ces rencontres…
Silent Hill 2 Remake garde toute l’essence de la version originale.
Déjà abordé plus haut dans cet avis, l’histoire de Silent Hill 2 est un cauchemar à vivre dans toute sa splendeur de manière égoïste lors de la première découverte du jeu. Ce n’est qu’une fois cette première expérience vécue que nous vous recommandons de vous renseigner pour comprendre toutes les clés de cette plongée dans la vie de James…
Si les références sont nombreuses, en passant de Lynch à Stephen King jusqu’à l’incontournable film L’Échelle de Jacob, désormais connu pour quelques scènes ayant tout simplement grandement inspiré Silent Hill 2, le jeu parvient tout de même à proposer son histoire avec sa propre ADN. Ici, les inspirations servent une œuvre qui n’a jamais à rougir face aux grandes œuvres du cinéma d’horreur psychologique.
2001 en 2024, un gameplay morderne
Nous le disions en préambule, remettre au goût du jour un jeu de 2001 peut être risqué… Surtout lorsqu’il est décidé de s’attaquer à un jeu adulé par sa communauté.
Capcom le fait avec brio avec la licence Resident Evil, alors pourquoi Konami s’en priverait-il ?
En offrant à Bloober Team la possibilité de faire ce remake, le choix était pertinent. L’équipe de dev de Bloober ne s’est jamais cachée : ce sont des fans de la première heure de Silent Hill 2. Ils ont d’ailleurs puisé beaucoup dans cet univers pour certaines de leurs propres productions (The Medium en est l’exemple parfait).
Au revoir les plans fixes, bonjour la caméra à l’épaule. Au revoir la rigidité du personnage, bonjour le viseur de l’arme à feu et la puissance des coups… Ces choix auraient pu faire perdre de la substance au jeu, mais ce n’est pas le cas.
En supprimant les caméras fixes, nous aurions pu penser que tous les choix artistiques visuels comme le cadrage allaient faire perdre l’âme de ce Silent Hill 2. Ce n’est pas le cas. La version 2024 permet d’offrir une mobilité plus que nécessaire à l’époque actuelle. Et cela ne supprime en rien l’atmosphère d’un plan fixe, tant le soin apporté aux décors transpire le malaise, ce sentiment indissociable de cette aventure.
La version 2024 permet d’offrir une mobilité plus que nécessaire à l’époque actuelle.
Néanmoins, dans les faits, l’architecture du jeu ne change pas des masses. James passera la majeure partie du jeu à essayer d’ouvrir des portes dans des couloirs et à trouver des moyens d’ouvrir la voie… Pour ce faire, le jeu s’amusera à disséminer de nombreuses énigmes, plus ou moins intelligentes, au fil de l’aventure. Parfois au point de se tirer les cheveux, le remake a la bonne idée de proposer un mode facile pour ces énigmes, évitant d’avoir à comprendre qu’il faut associer une épingle à cheveux avec un cintre pour créer une canne à pêche (nous plaisantons à peine).
En dehors de ces nombreux couloirs, vous vous retrouverez souvent face à des ennemis (avec un design loin d’être pensé au hasard, encore une fois) à abattre à l’aide d’une barre en bois ou d’une arme à feu. Vous possédez dans votre panel de mouvements une petite esquive afin d’économiser un maximum de munitions et d’utiliser les coups au corps à corps autant que possible.
Pyramid Head Casque
La réalisation du jeu est tout simplement sublime. Les graphismes correspondent à 100 % à l’ambiance de 2001. Cette prouesse visuelle donne enfin l’occasion de percevoir les désirs visuels et artistiques des développeurs de l’époque. Nous pouvons enfin mieux comprendre ce que nous voyons et savourer des designs prenant tout leur sens.
Mention spéciale au sound design qui est parmi ce qui se fait de mieux. N’hésitez pas à jouer au casque, l’ambiance sonore du jeu joue sur la spatialisation et fait de votre aventure une expérience sonore à ne pas négliger une seconde… Des bruits de tuyauterie aux sons des monstres en passant par le craquement du plancher, Bloober Team a tout compris de ce que devait être une ambiance sonore.
Mention spéciale au sound desing qui est parmi ce qui se fait de mieux.
En ce qui concerne les OST, on retrouve les grands classiques pour le bonheur des fans de la première heure.
Comprendre pour mieux appréhender
En 2001, Silent Hill 2 est avant tout une histoire avant d’être un jeu. Nous ne le cacherons pas, votre testeur du jour a tout simplement détesté jouer à Silent Hill 2 dans version 2001 tant le gameplay était une réelle plaie… Les couloirs, les mouvements de James, tout avait le don de m’irriter. Le seul plaisir avait été de découvrir l’histoire de James et d’approfondir toute l’expérience via des analyses littéraires et/ou sur YouTube.
En 2024, Silent Hill 2 Remake est une histoire sublimée, mais aussi, une vraie œuvre vidéoludique.
Fiche d’identité du jeu
Edité par | Konami | Public | +18 |
Développé par | Bloober Team | Fourni par l’éditeur | Oui |
Date de sortie | 07/10/2024 | Testé sur | PS5 |
Plateformes | PS5 et PC | Temps de jeu | 21h |
POINTS POSITIFS | POINTS NÉGATIFS |
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Une histoire digne des plus grandes psychanalyses | Une structure vidéoludique datée |
Visuellement sublime | Des énigmes parfois incohérentes |
Une ambiance malaisante parfaite | |
Une OST et un sound design au-dessus du lot | |
Un gameplay remis au goût du jour |
NOTE : 18/20
La communauté de Silent Hill 2 a toujours voulu crier haut et fort que leur jeu vidéo était entré au panthéon des œuvres vidéoludiques lors de sa sortie en 2001. Pourtant, avec sa structure datée et un gameplay jamais vraiment amusant, l’œuvre était loin de faire l’unanimité et restait malgré tout beaucoup trop niche. Aujourd’hui, la Bloober Team a réussi un pari que tout le monde pensait impossible. Elle a fait passer Silent Hill 2 du statut d’œuvre ayant soulevé un culte chez les fans à celui de véritable jeu vidéo culte pour le monde entier.
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