Avis – Karma : The Dark World, Dystopie cauchemardesque
Salut à tous, et bienvenue dans cet avis sur Karma : The Dark World !
« Karma : The Dark World » est un jeu narratif d’horreur psychologique développé par le studio chinois Pollard Studio. Disponible sur PC, PS5 depuis le 27 mars 2025, ce titre s’inscrit dans une lignée d’influences marquées, puisant à la fois dans la dystopie glaçante de 1984 de George Orwell et l’étrangeté onirique propre aux films et séries de David Lynch. Une véritable plongée dans les recoins les plus tortueux de la psyché humaine, où la réalité se distord sous le poids de l’oppression et du doute.
Avec de telles influences, Pollard Studio s’est frotté à des références majeures pour façonner un jeu qui se veut à la croisée du conte philosophique et du thriller interactif. Un pari audacieux qui ne plaira pas à tout le monde, tant il refuse la facilité et préfère plonger le joueur dans une spirale d’incertitudes.
Une société totalitaire sous amphétamine
L’histoire de Karma se déroule dans une réalité alternative de l’Allemagne de l’Est en 1984, un clin d’œil évident à l’univers dystopique de George Orwell. Ici, une organisation toute-puissante nommée Léviathan exerce un contrôle absolu sur la population, usant de la surveillance de masse, du lavage de cerveau et de drogues expérimentales pour manipuler à la fois les corps et les âmes.
Le joueur incarne un protagoniste amnésique, un homme sans repères qui se retrouve plongé dans une enquête existentielle qui le dépasse rapidement. Une mécanique narrative audacieuse le met aux commandes d’un détective dont la mission est d’explorer les souvenirs d’individus accusés de crimes contre l’État.
Une organisation toute-puissante nomée Léviathan exerce un contrôle absolu sur la population.
Dans cet univers suffocant, l’omniprésence de Mother, entité toute-puissante qui scrute chaque fait et geste, résonne comme un écho glaçant aux dystopies modernes. « Mother is Watching you », martèle le jeu, rappelant combien la liberté est une illusion fragile, perpétuellement menacée par la mainmise d’un pouvoir invisible.

Système totalitaire et studio chinois : un paradoxe éloquent ?
Difficile de ne pas s’interroger sur l’audace d’un studio chinois à aborder de telles thématiques, tant les similitudes entre le régime de Léviathan et certains aspects de la Chine moderne sont troublantes. Dans un pays où l’industrie du jeu vidéo est rigoureusement réglementée, comment un tel projet a-t-il pu voir le jour ?
Karma : The Dark World réussit son pari et parvient à retranscrire avec maestria l’étouffement d’une population sous emprise.
Le gouvernement chinois impose en effet un strict contrôle sur les contenus culturels, favorisant les jeux promouvant l’idéologie du Parti et censurant ceux qui pourraient être perçus comme subversifs. Face à ces restrictions, de nombreux studios chinois préfèrent contourner le marché intérieur en publiant directement leurs jeux sur des plateformes internationales telles que Steam.
Si l’interprétation est laissée à l’appréciation du joueur, impossible de ne pas y voir une critique voilée, un reflet déformé de la société contemporaine. En ce sens, Karma: The Dark World réussit son pari et parvient à retranscrire avec maestria l’étouffement d’une population sous emprise.

Méli-mélo de références : entre vertige et confusion
Comme annoncé, Karma n’hésite pas à convoquer les plus grands noms de la littérature et du cinéma. Pourtant, cette abondance de références se mue parfois en un tourbillon chaotique, où les idées s’entrechoquent sans trouver un équilibre clair.
Le jeu oscille ainsi entre récit intimiste et fresque politique, entre horreur psychologique et réflexion philosophique, sans toujours parvenir à maintenir un fil directeur cohérent. Cette ambition, bien que louable, donne parfois l’impression d’une narration qui se disperse, happée par l’ampleur de ses propres aspirations.
Parfois, la narration se disperse, happée par l’ampleur de ses propres aspirations.
Ajoutons à cela une volonté assumée de se doter d’un vernis intellectuel. Si certaines citations ou références philosophiques résonnent avec pertinence, d’autres tombent dans le “matuvu”, enfonçant des portes déjà ouvertes sans apporter de réelles valeurs ajoutées à l’expérience.

Entre liberté et contrôle forcé
Malgré ses errances, Karma demeure un projet qui mérite toute l’attention des amateurs de narrations ambitieuses. Son intrigue, bien que parfois confondante, parvient à maintenir une tension constante, poussant le joueur à sonder les mystères de cette réalité altérée.
Certains tableaux flirtent avec la pure poésie visuelle.
Sur le plan visuel, le jeu surprend par ses partis pris artistiques. Bien que son budget soit limité, il parvient à instaurer une atmosphère hypnotique, oscillant entre malaise et fulgurances oniriques. Certains tableaux flirtent avec la pure poésie visuelle, donnant à Karma une identité propre, marquée par un travail subtil sur la lumière et la désaturation des couleurs.

Fiche d’identité du jeu
Edité par | Wired Productions | Public | +16 |
Développé par | Pollard Studio | Fourni par l’éditeur | Oui |
Date de sortie | 27/03/2025 | Testé sur | PC |
Plateformes | PC et PS5 | Temps de jeu | 5h |
POINTS POSITIFS | POINTS NÉGATIFS |
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Une ambiance oppressante et immersive | S’éparpille entre trop de thématiques |
Un récit intrigant entre horreur psychologique et dystopie politique | Un rythme inégal |
Plusieurs niveaux d’interprétation | Un côté prétentieux |
Un système d’enquête original basé sur l’exploration des souvenirs | Une durée de vie courte qui ne permet pas de développer pleinement les enjeux |
Note : 14/20
Karma: The Dark World est un jeu qui divise. Trop ambitieux pour son propre bien, il peine parfois à structurer son discours, mais brille par la force de son ambiance et le courage de son propos. Un voyage sensoriel et mental qui, malgré ses faiblesses, mérite d’être vécu, ne serait-ce que pour l’expérience unique qu’il propose et les questions qu’il soulève sur notre propre réalité.
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