Avis– Indika : La religion, c’est mal, m’voyez
Salut à tous, et bienvenue dans cet avis sur Indika !
Certains jeux ont pour but de refléter la pensée de leur créateur. Il serait mensonger de dire que le jeu d’aujourd’hui se concentre sur le plaisir vidéoludique. Dans Indika, l’amusement est quasi inexistant. Tout y est question de critique acerbe d’un système clérical rejeté par les développeurs.
Disponible sur PC, PS5, et Xbox Series, Indika est un jeu d’aventure narratif. Le joueur incarne une jeune nonne de l’Église orthodoxe russe, confrontée à la perte de sa foi.
Pas de joyeuseté dans ce monde fictif inspiré par la Russie du 19e siècle. À quoi s’attendre de cette expérience singulière, bien loin des standards vidéoludiques actuels ? Découvrons-le dans cet avis particulier sur Indika.
Un studio russe contraint à l’exil
Dans Indika, vous contrôlez Indika, une jeune nonne rejetée par son couvent pour ses prétendus péchés et son manque de foi. Un jour, une sœur supérieure la charge de livrer une lettre dans un village éloigné. Dès le début du jeu, Indika perd souvent pied et ne distingue plus le bien du mal. Une voix résonne constamment dans son esprit, philosophant sur ces thèmes et semblant être une incarnation du diable.
Vous incarnez Indika, une jeune nonne rejetée par son couvent pour ses prétendus péchés et son manque de foi.
Pour comprendre la genèse d’Indika, il faut connaître l’histoire du studio et de son créateur :
Le studio OddMeter, fondé par Dmitry Setlov, en 2020 à Moscou, a quitté la Russie à cause de la guerre en Ukraine. Dmitry Setlov et son équipe ont décidé de partir pour des raisons de sécurité et de stabilité, craignant d’être enrôlés, dans un climat politique tendu. Cette décision visait également à préserver leur créativité et liberté d’expression.
Une position anti-cléricale et anti-gouvernementale
OddMeter adopte une position clairement anti-cléricale, surtout envers l’Église orthodoxe russe. Le fondateur, Dmitry Setlov,, exprime son amertume et sa perte de foi, dénonçant l’utilisation de la religion comme outil de propagande par le régime de Poutine. Ayant grandi dans une famille religieuse, Setlov critique la religion, la percevant comme une philosophie de guerre opposée à sa quête de paix et de compromis.
Cette expérience d’exil a influencé leur travail sur Indika.
L’exil d’OddMeter au Kazakhstan, suite à l’invasion de l’Ukraine, a intensifié leur opposition au régime de Poutine et à l’Église orthodoxe. Cette expérience d’exil a influencé leur travail sur Indika, insufflant une colère et une tristesse palpables face à la situation politique en Russie. Le studio a participé à des manifestations contre le gouvernement russe, renforçant leur opposition à l’utilisation de la religion comme outil de contrôle et de répression.
Un message engagé, mais une expérience ludique limitée
En termes d’expérience vidéoludique, que faut-il s’attendre d’Indika ? Malgré des thèmes matures et importants pour la construction religio-politique russe, Indika peine à être véritablement subversif. Le jeu propose de longues discussions pseudo-philosophiques sur la théologie, abordant le manichéisme et le déterminisme pendant les trois heures nécessaires afin de terminer l’aventure. Ces discussions n’atteignent pas la profondeur philosophique que le jeu semble revendiquer.
Malgré les thèmes matures et importants pour la construction religio-politique russe, Indika peine à être véritablement subversif.
L’aventure se présente comme un simulateur de marche, avec quelques énigmes simples à résoudre. Il n’y a pas de plaisir particulier à en retirer, même si ce n’est clairement pas le but recherché. Heureusement, la direction artistique parvient parfois à éveiller l’esprit critique des joueurs.
Un potentiel sous-exploité
Indika ne parvient pas à délivrer pleinement son message politique. La critique de l’Église orthodoxe est claire, mais les développeurs n’ont peut-être pas eu le temps de créer un véritable débat. Cependant, Indika s’élève comme un jeu remettant en question un ordre établi, et pour cela, on ne peut lui reprocher de vouloir éveiller les consciences, même si ce n’est pas de la meilleure manière.
Indika ne parviet pas à délivrer pleinement son message politique.
Petite précision : le jeu a été testé sur PS5. L’optimisation laisse à désirer, avec des baisses de framerate fréquentes, mais l’ensemble reste jouable et regardable.
FICHE D’IDENTITé du jeu
Edité par | 11 Bits Studios | Public | +18 |
Développé par | Odd Meter | Fourni par l’éditeur | Oui |
Date de sortie | 17/05/2024 | Testé sur | PS5 |
Plateformes | PC, PS5 et Xbox Series | Temps de jeu | 3h |
POINTS POSITIFS | POINTS NÉGATIFS |
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Un jeu engagé | Des énigmes inintéressantes |
Parfois inspiré visuellement | L’optimisation ratée |
Soulève parfois le débat | Submersif mais pas jusqu’au boutisme |
Note : 12/20
Indika est utilisé comme une œuvre dépassant son statut de simple jeu vidéo. Il est surtout un moyen d’expression critique à l’encontre de l’Église orthodoxe russe et du régime politique de Poutine. Malheureusement, la narration ne parvient jamais réellement à faire valoir le point de vue du studio de développement. Cependant, quelques scènes relèvent l’ensemble et donnent matière à quelques réflexions.
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