Avis – Assassin’s Creed Shadows, la synthèse de l’ère post Syndicate
Bonjour à tous et bienvenu dans cet article à propos de Assassin’s Creed Shadows.
Le titre développé par Ubisoft Québec et édité par Ubisoft (tout court) est disponible depuis le 20 mars 2025 sur PS5, Xbox Series et PC. Quatorzième jeu de la série principale, vingt-sixième en comptant les spin-off, Shadows débarque après plusieurs reports avec la lourde tâche de redorer le blason d’un Ubisoft tourmenté par des décisions marketing discutables, des problèmes internes sérieux et des polémiques souvent stériles autour du dernier jeu en date et ce dès son annonce.
Alors, après tout ces déboires, que vaut cet Assassin’s Creed japonais? Je vous livre ici mon avis en étant le plus honnête possible.

Shinobi du dimanche
Assassin’s Creed Shadows commence en 1581, en pleine époque Azuchi Momoyama. Oda Nobunaga tente d’unifier le Japon par la conquête (une histoire qui à été raconté dans un autre jeu testé ici, Samurai Warriors 5 ). Sa quête de pouvoir le pousse à attaquer le village de Iga, patrie des shinobis et de notre première héroïne, Naoe Fujibayashi. Grand classique de la saga, Naoe va très vite tout perdre et se lancer dans une quête de vengeance qui la mettra sur la route d’un ordre occulte, le Shinbakufu, constitué de notables qui tire les rênes en secret. On est clairement en terrain connu ici puisque ce prémices rappellera celui des histoires de Ezio, Connor, Bayek ou même Basim dans une certaine mesure. Sur son chemin elle finira par croiser le fameux Yasuke, samouraï d’origine africaine amené au Japon par des missionnaires chrétiens et entré au service de Nobunaga.
L’écriture en générale reste assez simple, sans trop de nuances malgré quelques quête qui tenteront de donner du relief aux cibles.
L’histoire principale de cet opus reste dans les clous habituels de la saga en se concentrant sur une histoire de lutte entre « assassins » et « templiers » à la sauce Teriyaki. L’écriture en générale reste assez simple sans trop de nuances malgré quelques quêtes qui tenteront de donner du relief aux cibles, mais bien souvent on sera spectateurs de scènes avec une certaine passivité. D’ailleurs le titre propose des choix de dialogues, mais aussi un mode « canon » qui supprime cette fonctionnalité. Un choix assez étrange, mais quand on réalise que les choix ont vraiment très peu de conséquences, on se dit qu’avec ou sans, on jouerais au même jeu.
Enfin, Assassin’s Creed oblige, on sera aussi amené à suivre une méta-histoire dans le présent, toujours aussi peu intéressante surtout que l’arc de Leyla à été abandonné après la fin de Valhalla. On se retrouve avec une narration similaire à Unity avec de très, TRES rares scènes au présent, on se demande même pourquoi Ubisoft s’embête encore avec cet aspect de la saga.

« il n’était pas samourai ouin ouin »
En revanche, ce que Shadows réussis dans son écriture, c’est bien nos deux personnages principaux. Naoe et Yasuke sont vraiment attachants, complémentaires aussi bien dans leurs comportements que dans leurs gameplay. Naoe est déterminée, ses méthodes sont plus expéditives et pour elle on constatera souvent que « la fin justifie les moyens ». Son entraînement de Shinobi et sa haine envers Nobunaga la pousse plus souvent à la violence et à la fameuse quête de vengeance commune à tant de héros de la série. Un aspect compensé par Yasuke. Mais avant, petit aparté.
N’en déplaise à ceux qui sont soudains dérangé par l’exactitude historique de la série (ceux qui ne voyaient pas de problème à boxer le pape en 1V1, de conduire un tank pendant la Renaissance ou de découvrir que le pirate Black Bart était la réincarnation d’un être semi divin d’une ancienne civilisation) Yasuke est un excellent choix de personnage pour cet opus. En tant que personnage presque adopté par Nobunaga, Yasuké passe d’esclave à Samouraï et vois dans le Japon et sa culture une nouvelle vie et un seigneur qui lui offre reconnaissance, respect et valeur.
Yasuke est un excellent choix de personnage pour cet opus.
Si on ajoute à ça son origine étrangère qui loin d’être un simple « truc woke » est un élément à part entière de son écriture qui lui permet un point de vue exterieur sur la situation du pays. Yasuke est un personnage ayant réellement existé, et qu’il ai bel et bien été Samouraï ou pas n’as pas la moindre importance. Les archives historiques à son sujet son rare, ce qui donne déjà une marge de manoeuvre confortable pour l’écriture tout en lui donnant un réel interêt narratif.
Sa quête consistera à honorer la mémoire de Nobunaga tout en remettant en question la vision qu’il avais de cet homme à qui il doit tant. Yasuke est humble, sage et respectueux, ce qui change de l’eternel « personnage arrogant qui apprend l’humilité après une défaite cuisante » qui est un ressort usé jusqu’à la moelle non seulement dans cette série, mais aussi dans l’industrie en générale.

Escalade et coup de pied dans la tronche
Shadows reprend le système de Syndicate avec ses deux personnages, mais si Jacob et Evie Frye étaient des clones niveau gameplay, Naoe et Yasuke sont complémentaires. Naoe est très agile, peut escalader beaucoup plus de surface grâce à son grappin, est discrète et se bat avec toutes sorte d’outils pendant que Yasuke devra rester au sol et se battre en face à face. Ce dernier peut quand même escalader, mais son gabarit l’empêchera de grimper à la plupart des murs, il devra avancer lentement sur les toits et les toiles tendues et autres fils cèderont toujours sous son poids. D’ailleurs, le passage à Yasuke, qui ne devient disponible qu’après un certain nombre d’heures, ne se fera pas sans heurt. Passer de Naoe l’agile qui court de toit en toit en enchaînant les assassinats à Yasuke qui avance lourdement en peinant à atteindre les murs les plus simples fait un petit choc.
Mais le tout est bien sûr compensé par le fait que Yasuke soit une véritable forteresse ambulante en combat très satisfaisant à incarner. Même ses assassinats reflètent son respect du Bushido quand il crie « regarde moi » avant de planter son sabre dans le corps d’un ennemi pris par surprise. Mais même si l’un est pensé pour l’infiltration et l’autre pour le combat, les rôles peuvent s’inverser et proposer des nouvelles approches du jeux.
Choisir le Samouraî ou la Shinobi avant d’attaquer un fort résultera en une expérience assez différente.
Par exemple Naoe en combat sera aussi résistante qu’une chips et il faudra réellement maîtriser l’esquive pour espérer survivre. Et l’infiltration avec Yasuke se fait proche du sol, en éliminant les ennemis avec l’arc ou en les contournant par des chemins bien moins permissifs que ceux empruntés par Naoe. L’infiltration d’ailleurs à été amélioré grâce à une plus grande palette de mouvement et un level design un poil plus permissif avec des bâtiments tous accessibles, les sols piégés qui attireront les gardes et l’utilisation des outils.
Mais de manière générale, choisir le Samouraï ou la Shinobi avant d’attaquer un fort résultera en une expérience assez différente. Dans les précédant opus, une infiltration qui tourne mal donnais juste lieu à un combat. Ici ça donnera plutôt une grosse envie de fuite tellement Naoe sera vite dépassée, surtout à bas niveau et contre trop d’ennemis. Et même si cette sensation s’annule dans les modes de difficulté les plus bas, le système reste très agréable et les changements de personnages sont suffisamment libre pour ne pas frustrer les joueurs qui souhaiteraient tout simplement varier un peu les plaisirs.
Point important d’ailleurs, Naoe est l’assassin, Yasuke le tank. Donc, seule Naoe possède la vision d’aigle. En contrôlant Yasuke, vous devrez vous débrouiller sans. Une première dans la saga.

ZEn au max
Dès l’annonce de cet opus, un seul titre revenais en boucle dans les conversations: « Ghost of Tsushima ». On ne va pas rentrer dans le débat de l’œuf ou la poule ici (Shadows qui « copie » Tsushima alors que lui-même empruntait déjà beaucoup de mécaniques à la série d’Ubisoft) pour se concentrer sur un seul élément commun aux deux jeux et vraiment réussis dans les deux cas : l’idée d’un open world Zen.
On trouvera toujours des camps et fortifications plus ou moins copié collés c’est vrai, mais la plupart des activités et des moyens de progression seront plus calmes. Méditation, prières aux temples, courses d’obstacles, entraînement aux kata ou dessin de petits animaux mignons… Mais plus que les activités c’est la façon dont le monde lui-même est designé qui invite à la contemplation. Fini de grimper partout et de courir à travers champs, le parkour à été limité dans la nature et il faudra contourner les montagnes et suivre les chemins « officiels » la plupart du temps. Une sorte de retour en arrière pour la série qui depuis Origins permettait de grimper sur la plus lisse des montagnes tel un bouquetin agile. Mais heureusement la map à été assez réduite par rapport à Valhalla et surtout à l’interminable Odyssey, ce qui rend les trajets relativement cours.
Les trajets et déplacements mettent en valeur ce que je considère comme le plus beau décor de la saga
Et si j’insiste autant sur les trajets et déplacement, c’est parce qu’ils mettent en valeur ce que je considère comme le plus beau décor de la saga. Les lumières sont vraiment belles, la végétation dense et variées et les effets météo dont on parlera après sont juste splendides. Le seul défaut que je pourrais trouver se trouve dans le cycle jour/nuit. Car si la journée met vraiment le jeu en valeur, la nuit est une véritable plaie, avec des ombres bien trop sombres qui rendent juste la visibilité totalement inexistante. S’infiltrer la nuit, c’est bien et ça rappellera les meilleures scènes de Splinter Cell aux vieux roublards, mais quand on nous impose un cycle de 24 minutes dans une obscurité grotesque, c’est dommage. SURTOUT quand le problème pouvais être évité par la présence de la capacité « méditation » qui dans les précédant opus permettaient d’alterner à l’envie. Au moment où j’écris ces lignes, aucune mise à jour n’est venue rajouter l’option.

Une quatre saisons, sans champignon
Ce qui achève de rendre cet opus vraiment beau et agréable à parcourir c’est donc ce système de saisons. La mécanique en elle-même est intéressante. A chaque fois que vous faites un voyage rapide, que vous changez de personnage ou que vous terminez certaines missions, le temps avance un peu jusqu’au changement de saison. Chaque saison est divisé en deux phases qui auront un impact sur le monde. Dans l’aspect bien sûr mais aussi en justifiant la réapparition des ressources et le remplissage des camps.
Ce qui achève de rendre cet opus vraiment beau et agréable à parcourir c’est son système de saisons.
Mais, les saisons sont avant tout magnifiques et permettent de renouveler la palette de couleurs proposée. Accompagné par des effets météo très présents et tous réussis, la neige fond au soleil, l’arrivée d’un orage prend du temps et change la couleur du ciel petit à petit, les tempêtes de neiges réduisent drastiquement la visibilité et rajoutent une ambiance très forte au titre. Les effets météos auront d’ailleurs une influence sur l’infiltration puisque la pluie couvrira le bruit de vos pas alors que la neige gênera vos mouvement par exemple. Mais croyez moi, quand dans votre repère vous plantez des sakura et qu’enfin arrive le printemps, vous comprendrez exactement ce que je veux dire.

MONTERIGGIONI V8.0
Le repaire justement fait son retour, en étant une petite activité annexe aussi simple qu’essentielles puisque les bâtiments que vous améliorerez seront la clef pour améliorer armes et équipements, développer les capacités de vos alliés ou vous permettre de gagner plus de ressources. Un grand classique de la saga que Valhalla avais déjà poussé assez loin, mais que Shadows aborde différemment dans son fonctionnement. Plus de bâtiments pré disposés, ici le mode construction est une sorte de city builder très simple qui vous permet de disposer bâtiment, flore et décorations comme vous le voulez. Et à part les bâtiments qui couteront des ressources, tout le reste, TOUT est gratuit. Un véritable gouffre à temps pour construire de petits chemins ou de jolis jardin dans lequel j’ai passé bien trop de temps je l’avoue.
Shadows aborde différemment son fonctionnement du repaire.
L’autre intérêt du repaire sera la présence des éclaireurs qui vous permettront de récolter des ressources en fin de saison, de trouver des renseignements sur les quêtes ou des coffres par exemple. Une mécanique intéressante sur le papier puisqu’elle se combine à celle du fameux mode exploration dans laquelle des indications sont donnés mais sans diriger vraiment le joueur. Et c’est ici que je confesse avoir désactivé ce mode parce que, déjà, après 4 jeux passés sous cette formule je commence à en avoir un peu marre et surtout, du peu que j’ai vu, les instructions me semblaient moins claires et plus vagues qu’avant. Cela dit l’option reste présente pour les plus téméraires qui voudront explorer et tendre l’oreille auprès des passants un peu trop bavards.
Mais l’autre problème de cette mécanique, c’est bien que toutes les ressources dont je parle depuis tout à l’heure ne servent qu’au repaire ! Explorer des châteaux et détourner des ressources a l’aide d’éclaireur ne servira qu’au repaire et à rien d’autre. Donc si on ne s’y intéresse pas tellement, c’est tout une partie de l’exploration qui deviens superflue, ce qui est vraiment très dommage pour le jeu dans son entièreté.

La lame rentre, les tripes sortent
Avoir un très bel open world et de jolies saisons c’est bien, mais on y fait quoi dans ce monde ? Après des épisodes étirés et remplis à ras bord de contenu, Shadows fait le choix d’un open world plus petit et dense (mais quand même bien grand) dans lequel tout ou presque tourne autour de l’assassinat. Comme dit plus tôt, la plupart des activités annexes sont basées sur la contemplation et une certaine forme de tourisme. Mais ces activités, toujours très courtes et faisables en quelques minutes, ne sont qu’une bouffée d’air frais dans un jeu qui tourne à 100% autour de liste de cibles à éliminer.
La quasi-totalité du jeu et de ses quêtes ont pour but de tuer une personne.
La quête principale ? Eliminer les membres du Shinbakufu. Un symbole de quête secondaire ? Un PNJ vous fournis une liste de cible à éliminer. Vous croisez une petite cabane avec un bandit qui papote ? En le tuant, vous trouvez sur lui une… liste de personnes à tuer. Vraiment, sans exagération, la quasi-totalité du jeu et de ses quêtes ont pour but de tuer une personne.
Alors oui, en faisant ce choix, Shadows renoue un peu avec les origines de la saga. Mais étiré sur une telle durée et privé des éléments de choix des précédant opus qui permettaient parfois des dénouements un peu plus civilisés qu’une bagarre aux quêtes, on sent beaucoup plus la redondance qu’avant. Si on est client comme moi, et que le côté bac à sable qui donne envie de se mettre un peu en scène marche sur vous, alors pas de soucis. Mais pour qui cherche un peu plus que ça, on risque de lâcher la manette au bout d’une quinzaine d’heures à peine.

Un bug dans l’animus
Le point sur lequel les joueurs attendent tout les AAA au tournant, c’est bien la partie technique. Et connaissant le passif d’Ubisoft ou même de la série et les quelques reports qu’à connu le jeu, on pouvais s’inquiéter. Ubi l’as dit, « on repousse le jeu pour le peaufiner un peu ». Et bien ils n’ont pas menti. Bien sûr on tombera quelque fois sur les habituels bug de texture et quelques PNJ foufou, mais le plus gros problème que j’ai eu, c’étaient les gardes assassinés qui se relevaient jusqu’à trois fois ! Heureusement tout ces bugs étaient vraiment rare et le dernier à même été patché. J’ai aussi eu 2 crash… En 50 heures de jeu. Donc bon, on peut dire que ça va.
La seule chose qui pourra un peu choquer concerne les animations faciales.
Côté technique toujours, j’ai déjà abordé les effets de lumières particulièrement beaux en forêt ou en intérieur, malgré encore une fois une nuit bien trop sombre par moment. La seule chose qui pourra un peu choquer graphiquement concernera les animations faciales vraiment trop rigides et limitées, une chose qu’on reproche à la série depuis Assassin’s Creed 1 (il serais peut-être temps de se pencher dessus).
Dernier point à aborder, la durée de vie. Valhalla et Odyssey faisaient partie de ces jeux trop longs pour leur propre bien, et même si Shadows tente de s’assagir en réduisant la map et le nombre d’activités, on reste sur un beau bébé qui vous demandera presque trente heures pour en voir le bout et le double pour le 100%. Une durée de vie plus raisonnable, même si la structure plus répétitive qu’avant risquera quand même de décourager les moins acharnés de la lame secrète.

Fiche d’identité du jeu
Edité par | Ubisoft | Public | +18 |
Développé par | Ubisoft Québec | Fourni par l’éditeur | Oui |
Date de sortie | 20/03/2025 | Testé sur | PS5 |
Plateformes | PC, PS5 et Xbox Series | Temps de jeu | 50h |
POINTS POSITIFS | POINTS NÉGATIFS |
---|---|
L’open world magnifique | La métahistoire inintéressante |
Les effets météos et le cycle de saison | Une structure plus répétitive encore |
L’infiltration revue et améliorée | Une IA pas toujours très réactive |
Le personnage de Yasuke | |
Le repaire en mode city builder | |
Le mode « immersion » avec les doublages japonais/portugais |
Note : 15/20
Ayant souffert des reports, des polémiques et de la réputation en sévère déclin d’Ubisoft depuis quelques années, on aurais pu s’attendre à une catastrophe industrielle. Hors, il n’en est rien. Si le jeu souffre des écueils habituels de la saga, à savoir une IA un peu aux fraises, une certaine répétitivité, une histoire moyennement passionnante et prévisible, le tout alourdi par une méta histoire qui semble ne plus savoir où aller depuis la fin de Valhalla. Le jeu a ses défauts. Mais rien de rédhibitoires tant les forces de la série sont toujours présentes. L’open world est magnifique et sublimés par de très bons effets météos, le gameplay de l’infiltration est plus poussé qu’avant et les combats sont toujours agréables. Oui, Assassin’s Creed Shadows est un bon jeu. Il ne sera pas le jeu de l’année et ne vas pas révolutionner l’industrie. Mais la vérité c’est qu’il n’as pas besoin de tout ça pour être un jeu dépaysant, plaisant à parcourir et suffisamment bien fait pour vous retenir quelques dizaines d’heures.
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